Largeur de la base 19,5 x 19,5 cm
Spectaculaire paire de candélabres en bronze patiné et doré représentant des femmes drapées à l’antique supportant, en canéphores, un bouquet de quatre branches de lumière en forme de corne d’abondance. Ils reposent sur des imposantes bases rectangulaires en marbre rouge griotte, ornées de couronnes de myosotis et de larges
frises de palmettes.
Ces candélabres sont identiques en tout point à ceux conservés au palais de Fontainebleau et ceux dans les collections du Mobilier National (GML 4467/1 et 2).
Le modèle de ces candélabres fut créé par le Maître fondeur-doreur-ciseleur François Rémond (1747-1812) en 1785 pour le marchand Dominique Daguerre .
Le 16 août de la même année, il livre au duc de Penthièvre des candélabres similaires, avec des socles circulaires pour un montant de 3 400 francs. François Rémond en livra de nombreux autres exemplaires , dont une paire le 24 décembre 1785 à la princesse Kinsky (cf, Christian Baulez :"le Luminaire de la princesse Kinsky).
Ces modèles de candélabres, très populaires dans la très haute société, ont été produits dans l'atelier de François Rémond de la fin du dix-huitième siècle jusqu'à la période du Consulat, dont la paire proposée est issue. Pendant cette courte période constituant les prémices du premier Empire, François Rémond remplace le socle par une base quadrangulaire ornée de couronnes de myosotis en bronze doré.
Parmi les modèles identiques à ceux proposés, la paire du ministère de la Défense (illustrée dans le livre de Marie France Dupuy-Baylet :"l'heure, le feu, la lumière" double page 90 et 91 ). Cette paire de candélabres était enregistrée en 1817 à l'Hôtel de Brienne, résidence de Letizia Bonaparte, mère de l'Empereur, qui en possédait la propriété depuis 1805.
Une autre paire identique fut transférée de Saint Cloud au palais de Fontainebleau en novembre 1804 (cf, Jean Pierre Samoyault :"les bronzes d'ameublement entrés à Fontainebleau pendant le premier Empire", page 155).
Pièces de musée dans un très bel état de conservation , superbe dorure d'origine non nettoyée.
Photos prisent à la lumière du jour, sans lumières artificielles de studio.
Époque Consulat, vers 1800-1803.
François Rémond (1747-1812, maître en 1774):
Il fut l’un des bronziers maîtres doreurs-ciseleurs les plus talentueux et importants de la place de Paris entre 1778 et 1805, période pendant laquelle il exerça son activité.
Son chiffre d'affaire s’élevait à 161 000 livres tournois en 1784, le marchand-mercier Dominique Daguerre lui régla à lui seul la somme de 275 000 livres tournois pour les années 1786-1788.
François Rémond collabora également avec Martin-Eloi Lignereux.
Travaillant à la fois comme fondeur-ciseleur et comme doreur, il était en mesure d'exercer un contrôle artistique considérable sur sa production.
Détails que l'on sait moins, l'activité de François Rémond était double : d’une part il fournissait des matières premières et des journées de compagnon à une fonderie qui lui revendait la fonte ; d’autre part, il faisait transformer cette fonte et il commercialisait les pièces ainsi ouvrées et transformées soit demi-finies, soit dorées et ciselées dans ses propres ateliers.
On compte, au premier rang de ses clients réguliers Daguerre, les ébénistes Roentgen (avec qui Rémond était privilégié en lui fournissant la plupart des bronzes d'ornements) , Riesner, Frost, l’orfèvre Clément, le ciseleur Gouthière, les horlogers Lepaute et Lépine.
Il travailla, sans doute sur des modèles de Bélanger, pour le Comte d’Artois (travaux à Bagatelle et au palais du Temple) et pour Baudard de Sainte-James ; également pour les architectes Cellerier et Ledoux, et pour Thélusson, clients de ce dernier.
Parmi ses clients importants, on note en outre la reine Marie-Antoinette, le Comte d'Artois, le Comte d'Adhémar, le prince de Soubise, les ducs d’Orléans, de Laval et de Penthièvre, la duchesse de Lauzun, la marquise de Nicolaÿ, l’intendant de Cypierre, le financier Paris de Montmartel, Letizia Bonaparte et la princesse Kinsky.
Les registres de compte permettent de suivre son activité pendant une trentaine d’années ; ils constituent, une mine de renseignements pour les historiens de l’art qui peuvent y repérer ses oeuvres.
Pour information : Les archives de François Rémond ont été achetées par les Archives Nationales en 1983. Dates extrêmes des documents : 1798-1812. Librement communicable.
Dimensions :
Hauteur: 104 cm
Socle: 19.5 cm / 19.5 cm
Littérature :
-Marie-France Dupuy-Baylet, "L'Heure, Le Feu, La Lumière : Les Bronzes du Mobilier National 1800-1870", 2010, p. 90 et 91.
-Jean Pierre Samoyault, "Pendules et bronzes d'Ameublement Entrés sous le 1er Empire, Musée National du Château de Fontainebleau, Catalogue des Collections de Mobilier", 1989, p.155.
-Charles Baulez, "Le Luminaire de la Princesse Kinsky" in "L'Estampille L'Objet d'Art", mai 1991, p. 85 et 89.
-Ernest Dumonthier, "Les Bronzes du Mobilier National, Pendules et Cartels", 1910, pl. XXIII, fig. 3, illustrant un modèle similaire dans le mobilier national.
-Hans Ottomeyer et Peter Pröschel, "Vergoldete Bronzen", 1986, p. 686, pl. 13, illustrant une pendule avec les mêmes figures de cariatides féminines avec boîtier par Pierre-Victor Ledure de c. 1820.
Provenance, photos et description, Madame Géraldine Buisson