Lettre autographe signée à l’écrivain Jean Cayrol. (Premier semestre 1946) ; 1 page in-4° sur papier en-tête « La pensée française au service de la paix ». Avec enveloppe
Dans le cadre de l’organisation du congrès international de « La pensée française au service de la paix », qui se déroulera salle Playel à Paris du 27 au 30 juin 1946, Aragon insiste pour que Jean Cayrol, écrivain et ancien déporté, y participe. Il a souligné la date du 29, à l’en-tête du courrier, indiquant par-là la date de sa prise de parole : « Cher J.C. Voilà : le 29, congrès ‘pour le cadre ci-dessous) du CNE avec les autres organisations d’écrivains. Le 26, la vente du CNE. Serez-vous là ? Je voudrais non seulement vous y faire venir, mais qu’au congrès vous preniez la parole (comme écrivain déporté). Thème : témoin, l’écrivain déporté devient pour le maintien de la paix un combattant. Enfin pas si grossièrement. Et la poésie… Le congrès, public, à Pleyel, sera très important (écrivains étrangers présents). Tout cela demanderait que vous soyez là un peu à l’avance. Il y aura des « facilités » pour les congressistes, mais je puis (le CNE) vous en assurer de supplémentaires. Avez-vous où loger à Paris ? On aura un permis à 50% pour le voyage. Ecrivez par retour de courrier. Je compte sur vous… »
Le congrès de La pensée française au service de la paix, qui se tient du 27 au 30 juin 1946, réunit des commissions de scientifiques, intellectuels et artistes dont le but est de travailler sur des résolutions pacifistes à l’échelle internationale pour le maintien de la paix dans le monde. L’intervention de Paul Eluard pour qui " la poésie se confondra demain pour tous les hommes avec l'amour de la vie comme elle se confondait hier avec l'amour de la liberté ", est particulièrement remarqué. Louis Aragon demande quant à lui, de nos écrivains, des œuvres à la taille du génie de notre peuple, de ses héros et de ses bâtisseurs.
Jean Cayrol (1910 – 2005) écrivain et éditeur, s’engage dans la résistance durant la guerre. Il est arrêté sur dénonciation en 1942 et déporté au camp de concentration de Mauthausen-Gusen. A la sortie de la guerre il publie « Chant funèbre à la mémoire du Révérend Père Jacques », qu’il connut au camp de concentration, arrêté pour avoir caché des enfants juifs et des résistants dans son collège. Il obtient le prix Renaudot en 1947 pour son roman « Je vivrai l'amour des autres », le grand prix littéraire de Monaco en 1968, membre de l’Académie française de 1973 à 1995. Homme discret, il découvre de jeunes talents qu’il prend le risque de publier comme Philippe Sollers ou Erik Orsenna.