Emmanuel Frémiet sculpteur français né à Montrouge le 6 décembre 1824 et mort à Paris le 10 septembre 1910.
Ses plus fameuses œuvres sont le Gorille enlevant une femme (1887) aujourd'hui à Nantes, le St-Michel terrassant le dragon (1897) du Mont-St-Michel, la Jeanne d'Arc (1874) de Paris, le Monument à Ferdinand de Lesseps (1899) de Port-Saïd aujourd'hui à Port-Fouad, le Du Guesclin (1902) de Dinan, l'Éléphant pris au piège (1878) aujourd'hui devant le musée d'Orsay et ses nombreux sujets animaliers.
Parallèlement à ses œuvres monumentales commandées par l'État, il était reconnu comme un excellent sculpteur animalier réaliste. Emmanuel Frémiet se consacra particulièrement aux statues équestres. Neveu du sculpteur Rude, il fut le beau-père du musicien Gabriel Fauré.
Il débuta en 1840 comme lithographe scientifique (ostéologie) et travailla dans l'atelier des peintres de la morgue, effectuant des moulages d'anatomie comparée à la demande de naturalistes et de médecins.
En 1843, il envoya au Salon une étude de gazelle, prélude à une production prolifique d'animaux d'un réalisme minutieux, dans des attitudes simples mais remarquables. Son Ours blessé et son Chien blessé furent acquis par l'État pour le musée du Luxembourg à Paris en 1850.
A l'accession au pouvoir du prince-président Louis-Napoléon Bonaparte en 1848, Frémiet s'attela à des œuvres révérencieuses, à commencer par les bassets du prince, Ravageot et Ravageole (1848) qu'il exposa au Salon de 1853, ce qui lui ouvrit la porte des commandes officielles. Cette année là, il reçut commande d'une série de statuettes à sujet militaire pour l'empereur Napoléon III, exécutées avec minutie de 1855 à 1859. Il réalisa le Monument à Napoléon Ier en 1868 et celui de Louis d'Orléans en 1869 pour décorer le château impérial de Pierrefonds.
L'établissement de la III° République l'amena à concevoir en 1874 son premier Monument de Jeanne d'Arc, érigé place des Pyramides à Paris, qu'il remplaça à la suite de critiques sur les proportions par une autre version en 1900. Le modèle en serait une certaine Valérie Laneau, selon l'EAS de Ph. Fauré-Frémiet daté de février 1936 sur un exemplaire de sa monographie du sculpteur (arch. pers.). Un bas-relief évoquant cette œuvre de profil orne le piédestal de sa statue par Gréber (1924) au Jardin des plantes de Paris .
Au milieu du XIXe siècle, un thème à la mode inspire Frémiet et d'autres artistes: celui de l'affrontement entre l'Homme et la Bête. Un fait divers rapporté par le journal Le Temps relatait que dans un village gabonais, un gorille égaré et furieux aurait enlevé et molesté une femme, après avoir détruit des cabanes, en 1880. Par ailleurs, les récits d'explorateurs comme Alfred Russel Wallace emplissaient les journaux d'articles et de gravures illustrant l'attaque d'un pisteur malais par un orang-outang. Ce thème inspira à Frémiet plusieurs œuvres majeures dont l’Orang-outang étranglant un sauvage de Bornéo.
Le Gorille enlevant une négresse fut d'abord refusé au Salon de 1859, puis présenté derrière un rideau. Nadar écrivit dans le Petit journal pour rire: «Voici mesdames et messieurs, le fameux gorille de M.Frémiet. Il emporte dans les bois une petite dame pour la manger. M.Frémiet n'ayant pu dire à quelle sauce, le jury a choisi ce prétexte pour refuser cette œuvre intéressante.». 28 ans plus tard, Frémiet en proposa une nouvelle version: Gorille enlevant une femme, qui reçut une médaille d'honneur au Salon de la Société des artistes français de 1887, dont il fut membre jusqu'en 1908, mais ne fut pas agréée par le Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Cette œuvre, célèbre à son époque fit scandale: un épouvantable gorille blessé (la flèche a disparu de son épaule) enlève une femme nue qui se débat, suggérant un prochain viol, acte dont un vrai gorille, femelle de surcroît, n'aurait pas la moindre idée. Cependant, cette scène n'en a pas moins, selon Baudelaire « excité la curiosité priapique» du public. On trouve dans sa postérité l'affiche Destroy this mad brute (1917), puis le film King Kong (1933).
De la même veine est L'Orang-outang étranglant un sauvage de Bornéo (1895), commande de remplacement du Muséum national d'histoire naturelle de Paris, inspirée par les récits d'Alfred Russel Wallace, rapportés avec beaucoup d'exagérations par The Times. Cette fois l'animal est un mâle, comme le signalent ses excroissances faciales, mais néanmoins accompagné d'un petit (ce qui est l'apanage des femelles en réalité) et, en étranglant le «sauvage», il accomplit un acte aussi impossible, physiquement et ethnologiquement, que le viol d'une femme par un gorille. Mais l'art opère et des générations de visiteurs du Muséum ont été horrifiés par la force émanant de l'œuvre, d'autant que les trois protagonistes sont condamnés: le chasseur humain est déjà mourant ou mort, mais l'orang-outang adulte a une entaille à l'abdomen par où ses intestins sortent, et un orang-outang aussi jeune que le petit représenté n'a aucune chance de survivre seul.
Artiste parmi les plus sollicités par l'État pour des commandes officielles, Frémiet réalisa en 1893 le Monument à Velázquez pour le jardin de la Colonnade du palais du Louvre à Paris en 1897, la statue sommitale de Saint Michel terrassant le dragon, d'inspiration néo-gothique, pour la flèche de l'abbatiale du Mont Saint-Michel ou en 1899 le Ferdinand de Lesseps du canal de Suez à Port-Saïd.
Élu membre de l'Académie des beaux-arts en 1892, il succède à Antoine-Louis Barye comme professeur de dessin animalier au Muséum national d'histoire naturelle à Paris. Et il reste membre de la Société des artistes français jusqu'en 1908.
Ses statuettes d'édition, reproductions en bronze par la Maison Barbedienne de ses œuvres monumentales, ont connu un beau succès commercial et ont assuré à l'artiste un confortable revenu. Certaines sont toujours reproduites industriellement de nos jours : St-Michel terrassant le dragon.
Henri-Léon Gréber, Monument à Emmanuel Frémiet, jardin des Plantes (Paris), 1924. Emmanuel Frémiet sculptant la version miniature du Dénicheur d’oursons.
Il vécut au 43, boulevard de Beauséjour (16e arrondissement de Paris), Il meurt à son domicile, dans le même arrondissement, le 10 septembre 1910 puis est enterré au cimetière de Passy , Gabriel Fauré repose à ses côtés depuis 1924.