Époque Gustavienne - Suède - vers 1800.
H x L x P = 89 x 118 x 60 cm
Provenance :
- Château de Mery-sur-Cher (18)
-Vente Tajan 23 mars 1999 (vendu 243 900 FF soit 37 200€ (non actualisés)
Notice sur le mobilier GUSTAVIEN :
À la fin du XVIIIe siècle, la Suède et la France entretiennent des relations politiques et culturelles soutenues. Il faut bien comprendre qu'au XVIIIe siècle, la politique, le goût et l’art de vivre français rayonnent dans toute l’Europe. Les pays du Nord, dont la Suède, y sont particulièrement sensibles. Le prince Gustav III réalise ainsi un premier voyage en France en 1771 : il y admire le néoclassicisme naissant, et l’important héritage culturel de Louis XIV.
Le premier ébéniste à produire un mobilier véritablement gustavien est Georg Haupt (1741-1784). Formé en France dans l’atelier de Simon Œben (après 1721-1786), puis à Londres, il est nommé ébéniste du roi en 1769. Il réalise alors un bureau et un cartonnier pour la reine Lovisa Ulrika, d’allure néoclassique. L’harmonie des proportions, et la finesse de la marqueterie, gravée et ombrée, traduit le goût Gustavien dans le mobilier.
Pour s’approprier véritablement ce style, les artisans s’inspirent de recueils de gravures, souvent anglais, ou importent directement de France une pièce de mobilier, qu’ils tentent de reproduire. La technique moins précise des artisans suédois, et les moyens plus limités de leur clientèle, les oblige à simplifier les modèles français. Les meubles sont moins ornés, et les bois utilisés sont souvent locaux. Un style véritablement suédois naît alors.
Après son accession au trône en 1771, Gustave III ordonne différents chantiers dans les demeures royales. Il y déploie la charmante simplicité et le raffinement sans ostentation qui caractérisent le goût Gustavien. Les chambres sont dotées de mobilier en bois doré ou laqué, posé sur un sol de sapin nu. Les commodes sont marquetées de bois clair, et délicatement relevées de quelques ornements de bronze doré.
Au début de la période Gustavienne (1775-1785), les artisans développent des meubles aux lignes droites et effilées. Ils privilégient les décors de marqueterie à motifs – guirlandes de lauriers, rosettes, rubans, portraits en médaillons – dans des bois clairs. Les ornements de bronze sont discrets, et emprunts du goût grec français. On retrouve ainsi des frises de méandres et de grecques caractéristiques.
Après la Révolution française, les regards suédois se détournent de la France et se dirigent plutôt vers l’Angleterre. Le goût gustavien tardif avec Gustave IV, ( fils de Gustave III qui régnera de 1792 jusqu'en 1809) préfère ainsi les placages d’acajou, et les meubles prennent une allure plus monumentale, avec des éléments empruntés à l’architecture antique romaine, grecque et égyptienne. C'est la période de notre paire de consoles.
Influencé par les modèles français le mobilier Gustavien propose une vision légère des goûts Louis XVI, Consulat et Empire. La simplicité des formes, leur grande élégance, et l’absence d’ostentation, justifient l’engouement ininterrompu pour ces pièces, qui se marient aujourd’hui harmonieusement avec des intérieurs contemporains.
Bibliographie :
- Hakan Groth, Châteaux en Suède. Intérieurs et mobilier néoclassiques. 1770-1850, Thames and Hudson, 1990
- Swedish neoclassical furniture, in The Antique collector, Octobre 1994
- Le Soleil et l'Étoile du Nord, Éditions de la Réunion des Musées nationaux, 1994
- Article "Interlude" la Galerie LEAGE sur LE GOUT GUSTAVIEN - Mai 2024