Manufacture Royale de Sèvres, sous la direction de Louis-Simon Boizot
Biscuit de porcelaine dure
Dimensions : H. 17 ; L.13,5 ; H. cadre 19 ; L. cadre 22,5 (cm.)
Sèvres, vers 1785
Plaque ou médaillon de forme ovale, de deuxième grandeur, représentant en alternance de deux couleurs une scène néoclassique, à l’antique organisée autour d’un foyer cylindrique et séparant trois femmes drapées. Très fine sculpture en quasi ronde-bosse dans un biscuit de porcelaine dure, légèrement teinté sur le dessus, en bleu. Cette scène s’inspire des bas-reliefs découverts lors de successives campagnes de fouilles au XVIIIe siècle et de leur diffusion principalement par la gravure. Par ailleurs, la thématique des vestales est amplement employée tant dans les arts décoratifs que les beaux-arts, ce qui est dû à la dimension initiatique. Le dernier tiers du XVIIIe siècle connaît en effet la naissance de multiples sociétés secrètes et franc-maçonnes, dont l’entrée se fait par des rites. La composition est scindée par le feu sacré de la déesse Vesta, conservé dans le Prytanée, autrement dit le saint des saints. Sur la gauche, une matrone supervise l’initiation de la jeune femme agenouillée, tandis que la dernière la cache du regard extérieur. Vesta, la protectrice des foyers, des familles et des villes romaines, est la sœur de Jupiter. Cette divinité est servie par des prêtresses issues d’une sélection rigoureuse : choisies entre leurs 6 et 10 ans, les fillettes doivent avoir des parents de bonne naissance, qui vivent au cœur de l’Empire. Elles étaient mises au service de la déesse pour une durée de trente ans avec une obligation de chasteté.
Oeuvre en rapport :Le modèle préparatoire de ce médaillon est conservé au Musée national de la manufacture de Sèvres, daté de 1784 et illustré dans La Manufacture des Lumières, la sculpture à Sèvres de Louis XV à la Révolution, sous la direction de Tamara Préaud et Guilhem Scherf, éditions Faton, 2015. Reproduction p. 316, inv. MNC 21707.
Cependant, Sèvres ne possède pas de médaillon en biscuit, ni de la première ni de la seconde grandeur. Enfin les archives, d’après les notes de Tamara Préaud, ne référencent que d’autres rares exemplaires, au nombre de deux au magasin de vente de la Manufacture, en 1787. [Y19, fol. 53, tarif de 1787]
Louis-Simon Boizot (1743 - 1809)
Élève de Slodtz, il remporte le prix de Rome en 1762 et séjourne donc à l’Académie de France pendant cinq ans. Il devient académicien en 1778. Par ailleurs, il tient sa grande notoriété de son rôle à la tête des ateliers de sculpture de la manufacture de Sèvres, tout en travaillant en parallèle pour Dihl et Guérhard Il réalise dans la décennie 1780 tout un ensemble de ces médaillons décoratifs, totalement néoclassiques et particulièrement plébiscités par une clientèle anglo-saxonne, et par certains marchands-merciers qui les incluaient dans des ouvrages d’ébénisterie.
Rapport de condition : parfait état, cadre probablement d’origine, avec sa dorure d'époque.