Albi, la Tour du Palais de la Berbie et l'Eglise de La Madelaine de l'autre côté du Tarn.
Huile sur panneau de carton non signée, en provenance de l'atelier de l'artiste.
Edouard Julien était un peintre et lithographe français accompli, et longtemps conservateur du Musée Toulouse-Lautrec à Albi. En tant que spécialiste de Toulouse-Lautrec, il est devenu un écrivain d'art recherché par les éditeurs du monde entier.
Julien est né à Albi, dans le Tarn (Région Occitanie) en 1883. Il a un oncle peintre et ses parents tiennent une imprimerie spécialisée dans les éditions d'art et l'impression de lithographies. Le jeune Edouard acquiert ainsi le goût de l'art et une bonne connaissance des techniques artistiques. À 17 ans, il entre à l'École des Beaux-Arts de Toulouse et y étudie tout au long des années 1900 et 1901. Il retourne ensuite à Albi et s'occupe de l'entreprise familiale, tout en poursuivant sa passion pour l'art en travaillant comme artiste. En 1903, il est à l'Académie d'Albi, fondée par Bernard-Joseph Artigue, où il se lie d'amitié avec l'artiste Henri Gourc. En 1928, Julien quitte à nouveau Albi pour Paris où il s'inscrit à l'Académie Julian, mais on lui fait rapidement comprendre qu'il est un artiste et non un étudiant et qu'ils n'ont rien à lui apprendre sur la technique de la peinture. Il loue donc un atelier et travaille dur, se faisant des amis et exposant ses œuvres avec succès.
En tant qu'artiste, Julien aime travailler en plein air et ses œuvres font preuve d'une extrême sensibilité. Il voyage beaucoup en France pour travailler, et aime particulièrement le Pays basque, où il rencontre sa femme. Il a également voyagé pour peindre les paysages magiques de l'Espagne, des Flandres et de l'Afrique du Nord.
À un moment donné, Julien retourne à Albi, qui est également la ville natale d'un autre artiste français plus célèbre qu'il admire, à savoir Henri de Toulouse-Lautrec. Cet artiste jouera un rôle prépondérant dans la vie professionnelle d'Edouard Julien.
En 1922, le musée Toulouse-Lautrec est inauguré dans le cadre prestigieux du Palais de la Berbie à Albi. Cet édifice du XIIIe siècle était à l'origine le palais épiscopal de la cathédrale d'Albi, à côté de laquelle il se trouve. Il est principalement consacré à l'œuvre d'Henri de Toulouse-Lautrec et abrite, grâce à un legs de ses parents, la plus importante collection publique au monde consacrée à cet artiste. Beaucoup de visiteurs ignorent que cette collection doit une grande partie de son succès au dévouement d'Edouard Julien. En 1934, Charles Beller demande à Julien de participer aux travaux de conservation du musée et, après la mort de Beller en 1951, Julien continue à diriger et à promouvoir le musée, assisté d'une équipe qui lui est dévouée. Il réunit une remarquable collection d'œuvres, organise des expositions d'autres artistes invités et fait beaucoup pour la recherche et la promotion de l'œuvre de Toulouse-Lautrec. Il a notamment rassemblé une impressionnante collection de peintures, de lithographies et de dessins, ainsi que toutes les affiches jamais réalisées par Henri de Toulouse-Lautrec, et les a organisées en une progression pédestre de son évolution en tant qu'artiste. Il a également produit ses propres affiches pour promouvoir les expositions du musée et a acquis une reconnaissance internationale en tant qu'écrivain lorsqu'il a produit le livre cartonné de 1960 intitulé "Lautrec". Il a également rédigé l'introduction du livre "Les affiches de Toulouse Lautrec", qui fait autorité en la matière.
Aujourd'hui, le Palais de la Berbie est classé Monument historique et constitue l'un des ensembles épiscopaux les mieux conservés de France ; il est l'un des deux monuments majeurs de la Cité épiscopale d'Albi classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2010. Aujourd'hui, le musée Toulouse Lautrec d'Albi présente un portrait d'Edouard Julien par Henri Gourc, ainsi qu'un exemple de l'œuvre de Julien, une "Vue d'Albi".
Julien a continué à travailler comme artiste presque toute sa vie, jusqu'à ce qu'il perde la vue en 1960. Au moment de sa retraite du musée en 1963, après presque trente ans de travail acharné, une célébration a été organisée pour son rôle dans ce qui a été appelé le miracle du musée d'Albi, et il a été nommé officier de la Légion d'honneur et chevalier des Arts et des Lettres.
En l'honneur de son talent d'artiste, le conseil d'administration du musée a organisé une grande exposition rétrospective de ses œuvres, qui a été inaugurée en 1967, avec une introduction d'Henri Gourc. Cette exposition présentait une centaine de ses meilleurs tableaux, comprenant des paysages, des natures mortes et des portraits datant de 1900 à 1960. En 40 ans de peinture, il y a une continuité évidente, avec des couleurs plus intenses après 1940, mais toujours une sensibilité délicate. On a dit de son œuvre qu'"il peignait tout simplement avec ses vraies qualités, la finesse de son œil, la tendresse de son cœur. Il ne surprend pas, il charme" Ce n'était pas seulement un grand conservateur d'art, c'était un grand artiste à part entière, d'une grande modestie et d'une grande générosité d'esprit.
Edouard Julien était un artiste d'artistes. Il était estimé par de très grands peintres comme André Dunoyer de Segonzac. Il fait partie du comité d'honneur du Salon d'Automne, où il expose régulièrement. Pendant les années de guerre 1939-1944, il accueille dans son musée des artistes comme Jules Cavailles, Roger Worms, André Strauss, Yves Brayer et le sculpteur Albert Bouquillon et il est un grand ami de Françoise Desnoyer.
Edouard Julien est décédé à Vence, dans la province des Alpes-Côte d'Azur, en 1966. On se souvient de lui pour sa modestie effacée, son talent d'artiste et son dévouement au musée Toulouse-Lautrec.