Auteur: Xavier Salmon
Editeur: Lienart
Catalogue de l’exposition présentée au musée du Louvre, du 23 mars au 20 juin 2016.
Le domaine d’Arcueil connut son âge d’or au début du XVIIIe siècle. Proche de l’aqueduc construit pour Marie de Médicis entre 1613 et 1624, le château était entouré par un vaste jardin comportant parterres, surfaces boisées, galeries couvertes et escaliers. A partir de 1752, le château et le parc furent peu à peu laissés à l’abandon puis détruits. Entre les XIXe et XXe siècles, aux alentours de l’aqueduc, surgit la ville d’Arcueil. Des jardins somptueux et de leurs nombreuses dépendances, il ne reste aujourd’hui que des fragments. Cependant, la mémoire historique de ces lieux demeure dans les dessins de paysages d’Arcueil exécutés dans les années 1740-1750 par différents artistes.
L’exposition vise à réunir pour la première fois la quasitotalité de ces dessins. Le site du Jardin d’Arcueil ne présente plus aujourd’hui que de maigres souvenirs de sa splendeur passée : un pont aqueduc du XVIIe , profondément modifié sous le Second Empire, la Faisanderie, une fontaine, quelques terrasses arborées et les vestiges épars des murs de soutènement qui structuraient les coteaux de la vallée de la Bièvre.
Dès le XVIe siècle, un jardin en terrasses était venu agrémenter une maison de plaisance appartenant à la famille de Guise. Le domaine connut des embellissements successifs, en particulier lorsque Françoise de Brancas (1652-1715), princesse d’Harcourt, décida de mettre au goût du jour château et jardins. Son fils aîné, le prince de Guise, poursuivit son œuvre en donnant au parc une surface de plus de vingt hectares. Après la mort du prince, le domaine fut morcelé par ses héritiers.
Peu auparavant, à partir de 1744, ces jardins merveilleux étaient devenus l’une des excursions préférées de certains des artistes les plus renommés du temps. À faible distance de Paris, ils offraient le spectacle d’une nature pittoresque, parce que savamment domestiquée, où l’œil pouvait à loisir s’exercer à l’art de la perspective, de l’ombre et de la lumière, tout en découvrant les premiers effets d’un entretien moins rigoureux. De tous, JeanBaptiste Oudry fut indéniablement le plus assidu. On lui doit ainsi plusieurs dizaines de feuilles qui, toutes de belles dimensions, aiment à jouer du contraste de la pierre noire, de l’estompe et de la craie blanche sur le bleu du papier. À la suite d’Oudry, Charles Natoire, François Boucher et Jacques-André Portail prirent aussi le chemin d’Arcueil. Le propos demeurait le même, rendre hommage à la nature, mais avec parfois plus de liberté, comme s’il fallait encore accentuer le pittoresque d’un jardin qui n’en était déjà pas dépourvu.
Aujourd’hui dispersés de par le monde, tous ces dessins aident à comprendre la configuration des lieux et l’agencement des terrasses. Ils révèlent l’aspect du château neuf, des parterres, des bosquets, des escaliers, des fontaines, des fabriques et des treillages.
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