Au cœur d’un quartier pittoresque d’Aubusson, près du pont de la Terrade en bord de Creuse se trouve l’atelier-musée de cartons de tapisserie. L’atelier boutique de Chantal Chirac, aménagé dans l’ancien octroi, regorge de trésors méconnus: les cartons de tapisseries. A l’intérieur, plusieurs espaces ont été mis en place : présentation de collections, celle de Mme Chirac, une collection représentative des grands thèmes classiques, mais aussi des emprunts auprès de particuliers, présentation de la technique et l’évolution iconographique des cartons, galerie d’art ouverte aux artistes, un lieu consacré aux stages, etc.
L’Atelier-Musée des Cartons de Tapisserie d’Aubusson est géré par l’association AM’carta qui a pour objectif de protéger, conserver, restaurer, exposer et transmettre le savoir-faire d’un patrimoine peint en voie de disparition: le carton de tapisserie. Le carton est l’ébauche en dimensions réelles de la tapisserie. Bien qu’il peut être peint, il ne fait pas le confondre avec une peinture.
Les cartons de tapisserie sont créés par des peintres spécialisés, appelés peintres cartonniers. En bandes, enroulés, en panneaux, en pochons… Le lissier s’en servait de modèle grandeur nature qu’il glissait sous la chaîne de son métier à tisser. D’où le nom de » grand patron ».
Présentés sous forme de peinture gouache ou huile, mais aussi calque ou photo, ces cartons sont placés par le lissier sous la chaîne de son métier à tisser. Il suit alors les contours du dessin et remplit les couleurs à l’aide de flûtes ou bobines de laine. Considéré comme simple outil de travail, la plupart du temps, le carton était jeté une fois la tapisserie terminée.
Ce métier a répondu à la forte demande des commanditaires qui désiraient des œuvres tissées d’après des thèmes typiques de l’époque: les chinoiseries, les verdures, les mille-fleurs, les oiseaux, les scènes de chasse, les scènes galantes ou pastorales, les angelots, les fables de La Fontaine… inspirés des gravures et peintures de grands peintres classiques comme Boucher, Watteau, Fragonard, Oudry….
La deuxième vie des cartons d’Aubusson
Chantal Chirac, diplômée de l’école Icart, spécialisée en restauration de tableaux, découvre Aubusson et la tapisserie à la fin des années quatre-vingt. A l’époque les nombreuses manufactures de la région, petits ateliers familiaux ou grandes enseignes comme Hamot et Braquenié sont en déclin et ferment leurs portes. Des stocks importants de cartons de tapisserie anciens sortent des ateliers et se vendent.
Souvent maltraités, découpés, pliés, les cartons avaient souvent peu de valeur pour ceux qui les trouvaient ou en héritaient. Elle avoue avoir restauré des pièces venant de lieux incongrus, « certains ont été trouvés dans les poubelles ». L’idée de sauver ces éléments précieux du patrimoine Aubussonnais fait petit à petit son chemin, une fois restaurés, les cartons de tapisserie peuvent être utilisés comme tableaux décoratifs.
Elle ouvre une boutique d’antiquité et découvre ainsi les cartons de tapisserie. Soucieuse de sauver un outil précieux dans le patrimoine historique de la tapisserie d’Aubusson , elle s’attache alors à restaurer ces cartons, suivant une technique initiée par sa grand-mère, restauratrice de tableaux.
La méthode consiste à maroufler le carton sur toile, à combler les lacunes et à retoucher au pinceau les parties abîmées: pliures, craquelures, trous d’épingle, parties manquantes… tout en préservant le cachet originel de la pièce grâce à l’utilisation des produits réversibles.
Les cartons deviennent alors, tels des tableaux, des objets décoratifs. Chaque année elle augmente sa collection et diversifie son art : elle transforme désormais ces cartons en paravent, en décor de meubles…
Plus d’informations :
Chantal Chirac – Pont de la Terrade – Aubusson
consulter les sites
http://amcarta-cartonstapisserieaubusson.overblog.com/
http://www.chiracchantal-cartonsdetapisserie.com/
