Au cœur de la couleur, chefs-d’œuvre de la porcelaine monochrome chinoise

L’exposition Au cœur de la couleur, retrace la longue histoire de la porcelaine et des couleurs de grand feu en Chine entre les 8e et 18e siècles. Provenant de l’extraordinaire collection Zhuyuetang de Richard Kan (Hong-Kong) et de celle du musée Guimet, 250 chefs-d’œuvre illustrent le goût chinois pour la simplicité formelle et la pureté des coloris, issus de siècles de perfectionnement. La quête incessante de l’épure, jusqu’à trouver la forme et la couleur parfaites, a ainsi donné naissance à des pièces uniques d’une grande finesse esthétique, présentées dans l’exposition.

Verseuse à réchauffer l’alcool, dynastie Song du Nord. Porcelaine, ancienne collection Ernest Grandidier.
(C) RMN-Grand Palais / Richard Lambert

Si la porcelaine est aujourd’hui célèbre dans le monde entier, c’est en raison de la pureté du corps de kaolin qui, une fois cuit à haute température, se révèle d’une parfaite blancheur. A la fin du 18e siècle, la qualité de sa production atteint son apogée en Chine, et son mystère ne cesse de fasciner les cours européennes.

Revêtue d’une seule couleur, la porcelaine dite monochrome est l’expression la plus haute de la perfection technique des ateliers chinois : elle exige à la fois une pureté des matériaux et une maîtrise absolue des gestes techniques de cuisson. Malgré le nombre réduit de pigments pouvant résister à une cuisson à très haute température, les potiers chinois n’ont eu de cesse d’essayer de développer de nouvelles couleurs afin de satisfaire les empereurs et les lettrés, et répondre à l’exigence de perfection liée à l’utilisation de la porcelaine dans les rituels.

Vase yuhuchunping. Porcelaine, couverte « bleu sacrificiel » – Fours de Jingdezhen (province du Jiangxi) – Dynastie Qing, marque et période du règne de Yongzheng (1723-1735). Collection Zhuyuetang © Richard W.C. Kan’s Zhuyuetang collection / photo Barry Lu

Dans une scénographie magnifique organisée en neuf sections réparties par couleurs (blanc, céladon, vert et turquoise, bleu, noir et aubergine, rouge, jaune, brun, imitation des couleurs de la nature et de l’arc-en-ciel), cette exposition exceptionnelle évoque les connotations culturelles et symboliques liées aux couleurs et les techniques qui ont permis leur fabrication. Le visiteur est guidé à travers ce parcours par une sélection de poèmes illustrant la profonde émotion que peuvent ressentir les Chinois devant la perfection de ces créations.

Bol en porcelaine, décor incisé de dragons sous couverte aubergine pâle, fours de Jingdezhen (province du Jiangxi), dynastie Qing, règne de Kangxi (1662-1722). © Richard W.C. Kan / musée Guimet, Paris / photo Barry Lui

Outre ces chefs-d’œuvre de la céramique, un rare album illustré de 7 mètres de long datant du 18e siècle, prêt exceptionnel du musée des Beaux-arts de Rennes, retrace le processus de production de la porcelaine dans les ateliers de Jingdezhen, principale cité porcelainière de Chine.

Plat lobé. Porcelaine, émail jaune citron – Fours de Jingdezhen (province du Jiangxi) – Dynastie Qing, règne de Yongzheng (1723-1735) – H. 5,6 cm, D. 27,7 cm. Collection Zhuyuetang © Richard W.C. Kan’s Zhuyuetang collection / photo Barry Lui

Des animations multimédia permettront de faire découvrir au visiteur la porcelaine chinoise vue depuis l’infiniment petit. Elles offriront la possibilité d’« entrer » dans la matière, au cœur des particules de verre.

Musée Guimet, exposition jusqu’au 16 septembre 2024

Bol en forme de fleur de lotus. Porcelaine, couverte transparente – Fours de Jingdezhen (province du Jiangxi) – Dynastie Qing, règne de Yongzheng (1723-1735) – H. 5,3 cm, D. 9 cm. Collection Zhuyuetang © Richard W.C. Kan’s Zhuyuetang collection / photo Barry Lui

Vous aimez aussi