Le bureau-cartonnier d’Ange-Laurent de La Live de Jully (1725-1775), introducteur des ambassadeurs à la cour de Versailles, est l’un des meubles les plus mythiques du XVIIIe siècle français. Exécuté par l’ébéniste Joseph Baumhauer et la bronzier Philippe Caffieri d’après les dessins de Louis-Joseph Le Lorrain, ce chef d’œuvre du musée Condé est l’un des jalons du changement de goût et d’époque en adoptant, pour la première fois, les lignes et les décors inspirés de l’antique, et particulièrement des fouilles de Pompéi et d’Herculanum.
Il s’agit de la première incarnation du goût « à la grecque » en matière de mobilier. Le bureau et son cartonnier ont été restaurés grâce au soutien du Centre de recherche et de restauration des musées de France et des Amis du Musée Condé. Sa restauration coïncide avec la réapparition de deux meubles coquilliers qui l’accompagnaient, avec siège, écritoire et tables, au sein des hôtels parisiens successifs de La Live, rue Saint-Honoré puis rue de Ménars.
Cet ensemble novateur fut dispersé en 1770, dans la vente des collections de La Live alors malade. Une partie de ce célèbre mobilier est réuni pour la première fois depuis.
Ce meuble fut acheté par le duc d’Aumale à la vente de son ami bibliophile, le duc d’Hamilton, à Londres en 1882 pour meubler sa galerie des Batailles, en pendant au bureau cartonnier de Choiseul. Il a notamment été restauré par Leleu (qui y a apposé son estampille) entre 1764 et 1770, du temps de La Live, puis par Grohé en 1883. La pendule n’est pas celle d’origine ; elle a été achetée par l’Institut de France en 1970.
Fils d’un fermier-général, avocat du Roi au Châtelet, nommé introducteur des ambassadeurs à Paris, La Live de Jully a constitué une riche galerie comportant nombre de peintures et de sculptures françaises contemporaines. Mécène et ami des artistes de son temps, graveur, musicien et historien, il fut élu, très jeune, membre honoraire ou associé libre de l’Académie royale de peinture et de sculpture en raison de la qualité des collections qu’il avait réunies et aussi de ses capacités artistiques.
Pour exposer la collection de coquillages qu’il commença à réunir en 1758, La Live commanda, outre le bureau cartonnier, plusieurs bas d’armoires vitrés en ébène. Deux des quatre corps d’armoires qui l’entouraient sont identifiés avec certitude et ici réunis. Celui-ci porte l’estampille de l’ébéniste Joseph Baumhauer à deux reprises, contrairement au bureau et à son cartonnier.
CHÂTEAU DE CHANTILLY
Jusqu’au 29 avril 2024
7 rue Connétable, 60500 Chantilly
