Azulejo est le terme portugais qui désigne un carrelage, en céramique plus précisément de faïence le plus souvent, décoré et vitrifié d’un côté. La technique de l’émail stannifère opaque fut apportée par les Maures lors de leur occupation, et se développa dans toute la Péninsule Ibérique . D’abord non figurative (interdiction de la figuration dans les préceptes de l’islam sunnite), la décoration des azulejos ne devint figurative qu’à partir de la fin du XVème siècle sous l’influence de la Majolique italienne.
Les premiers azulejos figuratifs sont peints à Séville vers 1500 par Francesco Niculoso , potier italien originaire de Pise. La chapelle de l’Alcazar de Séville ou le retable du de Tentudia monastère sont des exemples encore visibles de panneaux d’azulejo de Niculoso.
Cet art du carreau de faïence décoré se développera ensuite dans toute l’Espagne, en particulier à Talaverz de la Reina et dans le Royaume de Valence , puis au Portugal. En parallèle, l’usage de carreaux de faïence décorés s’est développé en Flandres , d’abord à Anvers autour de 1500, puis à Delft.
Si Séville, pour l’Espagne, possède de magnifiques panneaux d’azulejos, et si Mexico s’enorgueillit de sa Casa de los azulejos, cet art s’est ensuite particulièrement développé au Portugal et dans ses anciennes colonies, en particulier le Brésil et les comptoirs d’Asie (Macao et Goa).
Le XVIIe siècle est caractérisé par une grande diversité de sujets : scènes religieuses, de chasse, de guerre, scènes mythologiques ou satiriques. Les sources d’inspiration sont variées, mais elles sont surtout librement transposées, mélangées et interprétées. Les peintres d’azulejos s’inspirent de gravures ornementales venues d’Europe, en particulier les « Grotesques», motifs profanes de la Rome Antique réinterprétés par le peintre Raphaël au XVIe siècle pour décorer le palais du Vatican.
Ces grotesques ont un caractère fantastique qui sera largement repris et mélangé à des thèmes religieux notamment. C’est l’époque des colonies et l’inspiration provient également des indiennes, tissus exotiques imprimés en provenance des Indes utilisés comme devant d’autel, que les peintres adaptent à la symbolique catholique.
A la fin du XVIIe siècle, les Hollandais conçoivent leurs panneaux en blanc et bleu, en référence à la porcelaine chinoise qu’ils tentent de concurrencer. Les Portugais commandent pour leurs palais et leurs églises ces panneaux hollandais (à Willem van der Kloet et Jan van Oort notamment). Ce type d’azulejo connaîtra une grande vogue au Portugal car bien vite au XVIIIe siècle, ces panneaux vont être imités au point de couvrir tout le pays de blanc et bleu. Cet art est alors à son apogée, la maîtrise des peintres d’azulejos est telle qu’ils signent souvent leurs panneaux.
Au XVIIIe siècle, les encadrements deviennent de plus en plus envahissants avec le style baroque et ses enchevêtrements de festons, d’anges et d’éléments architecturaux. Puis apparaît le style rococo, mélange de rocaille et de baroque, avec des ornementations encore particulièrement chargées. Pour les décors, les gravures de Jean-Antoine Watteau inspirent des scènes galantes et bucoliques, des scènes pastorales et des promenades de couples aristocratiques.
Après ces excès des frivolités, le XIXe siècle préconise un retour à la vertu et à la simplicité de l’antique, le style est néoclassique, inspiré des gravures de Robert et James Adam. Les encadrements des panneaux s’allègent et se simplifient. Ce style marque surtout le retour à une riche polychromie.
Aujourd’hui, les plus beaux ensembles d’azulejos visibles en Espagne sont l’Alcazar et la Casa de Pilatos à Séville. Les azulejos portugais les plus connus sont ceux du Palais des Marquis de Fronteira à Lisbonne , ceux de l’Eglise Saint-Laurent d’Almancil en Algarve et pour le XIXème siècle, ceux de la gare de Porto . Pour le XXème siècle, la Place d’Espagne de Séville (1929) et plusieurs stations du métro de Lisbonne sont les exemples les plus remarquables. De nombreux ateliers artisanaux portugais et espagnols s’emploient à poursuivre leur adaptation à la modernité.
Il existe à Lisbonne un Musée de l’azulejo avec de très riches collections. Le musée de l’azulejo, vous offre au coeur d’une charmante église et néanmoins bel exemple de l’art religieux de la fin du XVIIIeme siècle, un véritable voyage, du XVeme siècle à aujourd’hui à travers cet art emblématique de l’architecture portugaise.