L’hôtel de Rohan, conçu comme l’équivalent de l’hôtel de Soubise, abrite deux cabinets rococo aux boiseries remarquables. Le cabinet des Singes est le chef-d’œuvre de Christophe Huet, peintre spécialiste du genre. Le cabinet des Fables, dont les médaillons dorés s’inspirent d’Ésope et de La Fontaine, provient des petits appartements détruits de l’hôtel de Soubise.
Au cours du XVIIIe siècle, l’hôtel de Rohan est occupé successivement par une lignée de quatre cardinaux de la famille de Rohan-Soubise. Armand Gaston de Rohan, évêque de Strasbourg, Grand Aumônier de France, puis François Armand de Rohan, son petit-neveu, cardinal de Soubise, Louis Constantin de Rohan-Montbazon ensuite, et enfin Louis René Édouard de Rohan, ambassadeur et Grand Aumônier de France qui se compromet dans la fameuse «affaire du collier de la reine».
Seul le grand étage de l’hôtel a conservé une partie de sa décoration initiale datant de l’époque du second cardinal, qui confie la rénovation de ses appartements à l’architecte Saint-Martin, entre 1749 et 1751. Il ne reste aujourd’hui plus rien du rez-de chaussée ayant abrité la célèbre bibliothèque du premier cardinal Armand Gaston de Rohan.
Le cabinet des Singes
L’enfilade du côté du jardin se termine par le fameux Cabinet des singes, lui aussi décoré en 1749-1750. Il a perdu sa cheminée, remplacée aujourd’hui par une cheminée ancienne provenant de démolitions parisiennes.
Son décor de lambris blanc et or, peint de scènes historiées aux couleurs fraîches, est l’oeuvre du peintre Christophe Huet, spécialiste des «singeries»
dans le goût chinois. On y découvre, s’ébattant dans un décor champêtre, des personnages aux traits orientalisants qui s’adonnent à des jeux bien connus des Occidentaux d’alors. En partant du panneau de la porte d’entrée : le Bal champêtre, les Bulles de savon, le Chaudron, le Tête-bêche, le Chien dressé, la Main chaude, le Charmeur, le Mât horizontal ou la Chandelle, le Colin-maillard, la Balançoire, les Cartes ou les Échasses, le Saut de mouton et la Raquette.
À ce décor s’ajoutent des rinceaux fleuris et des arabesques où jouent des oiseaux, des insectes et bien sûr les singes facétieux qui ont donné leur nom à ce chef-d’oeuvre du style Louis XV. Cette pièce qui servait de cadre à des soirées consacrées au jeu et à la conversation d’agrément, était également un oratoire. La niche dans laquelle se trouvait l’autel, qui conserve encore un cadre surmonté de têtes d’angelots sculptées, en témoigne.