L’établissement d’un comptoir à Malacca (péninsule de l’Asie du Sud Ouest) par les Hollandais en 1679, est à l’origine de la découverte du rotang (nom d’origine du rotin) et de son importation en Europe dès la fin du XVIIe siècle. Le commerce de la canne de rotin se faisait avec l’Angleterre et surtout la Hollande, dont les possessions s’étendaient sur une grande partie des Indes orientales et occidentales et de l’Indonésie…
Le cannage est une technique de tissage sur châssis à l’aide de cannes qui provient du palmier à rotin Calamus rotang. La technique du cannage consiste à tisser des lanières de canne pour réaliser l’assise ou le dossier d’un siège. La canne est l’écorce du rotin découpée en fines lamelles. La moelle du rotin sert dans le cannage à cheviller les trous. Chaque brin de canne est choisi avec soin (absence de noeuds) et mouillé au fur et à mesure de l’ouvrage pendant cinq à dix minutes.
Il existe de nombreux types de cannages : cannage plein en damier ou aux formes damassées, cannage ajouré (cannage marguerite par exemple). La technique de tissage usitée sur les meubles européens est appelée cannage français ou marquise. Apparu au XVIIème siècle, elle est le tissage de 6 brins d’écorce de rotin (canne), formant des octogones réguliers. Au XVIIIème siècle, grâce à l’invention du simple et double cannage à la cheville, décorant les flans et dossiers de chaises, fauteuils banquettes ou lits, le cannage français a acquis ses lettres de noblesse.
Histoire du cannage
C’est en Angleterre que seront fabriquées les premières chaises « foncées de cannes » , dont le fond et parfois le dossier sont garnis de canne entrelacée. En France sous le règne de Louis XIV ( 1661- 1715 ), quelques sièges vont également faire leur apparition mais ce style de mobilier plus léger, confortable et élégant, sera surtout apprécié à partir de la Régence (1715-1723) puis sous Louis XV (1723-1774), sur les dossiers et assises de sièges recouvert d’un carreau, coussin plat épousant la forme de l’assise.
Dès le début du XVIIe siècle, les maîtres menuisiers commencèrent à façonner des sièges cannés, comme dans les chaises à porteurs par exemple. Tout s’arrêta brusquement sous Louis XIV, au moment du conflit qui opposa le Roi à la Maison d’Orange. La rupture des relations commerciales avec la Hollande et l’Angleterre avec l’arrêt des importations de la compagnie des Indes eut pour effet la disparition du rotin. A la mort du Roi Louis XIV, le Régent renoue les relations commerciales. De nouveau, le rotin alimente les ateliers français.Le rétablissement des relations avec la Grande Bretagne ramène la vogue du cannage, apprécié pour sa légèreté et sa résistance.
Les ébénistes français vont alors développer cette technique et l’appliquer non seulement pour les assises de chaises mais aussi pour des fauteuils, canapés, grandes banquettes et tabourets, têtes de lit… Le XVIIIe siècle a été riche d’innovations et de créativité.
Après une interruption sous la Révolution où le rotin n’est plus importé, la mode de ce mobilier alliant confort et originalité revient en force sous Louis-Philippe (1825-1845), à partir du Second Empire (1845-1870) sont créés des meubles cannés à structure de rotin. .La vogue du cannage commence alors, pour ne jamais s’arrêter, sauf sous l’Empire, là encore à cause du conflit armé avec l’Angleterre et la Hollande.
Les sièges cannés du style Napoléon III se déclinent en chaises et fauteuils, mais aussi en bergères, duchesses et canapés 2 et 3 places. Les dossiers se font souvent en double cannage. Le cannage soleil, venu d’Angleterre, et le cannage éventail sont très prisés. On canne les têtes et pieds de lits. De petites banquettes cannées prennent place sur les paliers pour se reposer durant la montée des étages. Puis, quand les tous nouveaux ascenseurs apparaîtront, ils seront pourvus de petits strapontins cannés pour pouvoir s’asseoir pendant l’ascension.
Avec la Belle Époque (1896-1914), la chaise cannée devient populaire et la production de la célèbre chaise bistrot en bois courbé va s’envoler. Icône du design mobilier industriel cette célèbre « chaise N° 14 », à l’assise cannée, fut dessinée en 1859 par Michael Thonet et sera reproduite à 45 millions d’exemplaires jusqu’en 1903. Par la suite, l’Art nouveau s’inspirera largement des techniques de cannage.
Avec le développement de l’industrie, on va mécaniser le procédé en créant le cannage tissé en rouleau, d’où le nom de « le cannage mécanique » .