Le carton de tapisserie est un outil de travail fondamental à la réalisation de la tapisserie. Avant de commencer une tapisserie, il faut concevoir un projet qui indique la composition, les motifs et les couleurs, c’est-à-dire réaliser un modèle ou « petit patron », ou encore « maquette » qui, agrandi aux dimensions de la tapisserie, devient un carton ou « grand patron » qui servira de modèle au lissier.
Au départ exécutée par les tapissiers, elle devient une activité à part entière, celle des peintres-cartonniers. En bandes, enroulés, en panneaux, en pochons; ces outils de travail sur papier ou sur toile étaient de véritable œuvres d’art.
A partir des maquettes, les peintres font d’abord des dessins préparatoires à l’échelle, puis des huiles sur toile qui vont servir de modèles au carton proprement dit. Ces toiles sont reproduites à l’envers pour les préparer au tissage, sur du carton, grâce à diverses techniques : calques…
La peinture sur toile doit résister au temps pour permettre d’être à nouveau modèle.
Le carton, lui, est utilitaire : épinglé à l’envers de la trame, il subit rapidement les outrages du temps. Il n’est pas rare d’en trouver des fragments découpés, réutilisés…
La technique de basse lice est horizontale et le métier se présente comme une table tandis que la technique de haute lisse est exécutée sur un métier vertical. Le lissier écarte les fils pour voir le carton placé sous les fils en basse lisse ; en haute, lice, il use d’un miroir car le carton est placé derrière lui. Il suit alors les contours du dessin et remplit les couleurs à l’aide de flûtes ou bobines de laine.
Après la « tombée de métier », la tapisserie étant l’objet de la commande, le carton reste dans l’atelier prêt pour d’autres tissages. Pendant des générations, les peintres cartonniers répondaient à la forte demande des commanditaires qui désiraient des œuvres tissées d’après des thèmes typiques de leur époque comme les fables de la Fontaine, le naturalisme, fleurs, animaux exotiques.
Les peintres-cartonniers s’inspiraient aussi énormément des grands peintres classiques : Boucher, Watteau, Fragonard. Les manufactures ont accumulé des stocks fabuleux de cartons , à l’abri du regard du public.