La verrerie Schneider fut assurément l’une des plus importantes du XXe siècle. Infatigable créateur, Charles Schneider créa plusieurs centaines de modèles entre 1918 et 1933, diffusés par deux lignes commerciales : Schneider et Charder, le verre Français. Caractérisées par des couleurs vives, puissantes, contrastées et des motifs naturalistes et stylisées, les verreries Schneider eurent un succès retentissant à l’Exposition universelle de 1925 et furent massivement exportées vers l’Amérique.
En 1913, les frères Schneider rachètent une verrerie à Épinay-sur-Seine grâce aux indemnités perçues par Ernest lors de son départ de la maison Daum et à l’apport financiers de leur associé, l’architecte Henri Wolff . Mais en 1914, à peine les activités de la verrerie avaient-elles débuté qu’elles doivent être interrompues à cause du conflit mondial et de la mobilisation générale. Cependant, les besoins nationaux en verreries sanitaires entraînent en 1917 la démobilisation des frères Schneider pour remettre l‘usine en marche et produire de la verrerie médicale.
En 1918, l’entreprise est reconvertie en verrerie d’art. Ernest s’occupe habilement de gérer la manufacture, tandis que Charles conçoit les modèles édités. Les premières pièces à décors émaillés de fleurs et de paysages reprennent ses études dessinées avant-guerre, ainsi que celles de son ami Gaston Hoffmann, rencontré aux Beaux-Arts de Paris. Toutefois, Charles Schneider devient vite l’unique créateur des pièces.
S’éloignant progressivement de l’Art Nouveau, il développe un genre très personnel, caractérisé par des couleurs vives, puissantes, contrastées et des motifs naturalistes et stylisés, symbolisant parfaitement le style Art déco de l‘Entre-deux guerres.
Diffusées par les lignes commerciales Schneider et Charder, Le Verre Français, les verreries décoratives se vendent si bien que la manufacture doit s’agrandir en 1925 pour accueillir les cinq cents verriers nécessaires à la production et répondre au marché américain. Toutefois, la verrerie est lourdement frappée par la crise de 1929 et est contrainte de cesser sa production peu après. Ses activités n’auront duré qu’une quinzaine d’années.
La marque Le Verre Français fut déposée en octobre 1918 pour créer une seconde ligne plus fantaisiste, distincte des verreries haut de gamme de la ligne Schneider.
Cependant, les formes simples et les décors stylisés inspirés de la nature rencontrent un vif succès, en particulier auprès d’une clientèle américaine. Celle-ci apprécie l’audace et la modernité des couleurs, ainsi que le contraste des motifs lisses et brillants qui se détachent des fonds mats gravés a l’acide.
Si les couleurs utilisées sont restreintes (dix-sept teintes ont été répertoriées), plus de cent quatre-vingts décors sont en revanche dénombrés. Ils apparaissent indifféremment sur des vases de formes différentes et dans plusieurs couleurs, multipliant du fait les modèles. La ligne est donc rentable grâce à sa large diffusion mais sa marge bénéficiaire est restreinte à cause des interventions supplémentaires de gravure des décors. Vers la fin des années 1920, les pièces évoluent vers des formes et des décors plus géométriques, inspirées des mouvements artistiques du moment, le cubisme, le futurisme, à travers les couleurs et les lumières.
Charles Schneider signe de son nom de famille sur les œuvres les plus chères et élaborées, ou « Charder » sur celles qui répondent à une forte demande du marché, surtout aux Etats-Unis et en Argentine, qui deviendront les premiers importateurs du « Verre français »..