Chefs-d’œuvre de la collection Torlonia 

La collection Torlonia, constituée à Rome dès la toute fin du XVIIIe siècle par Giovanni Torlonia, un richissime banquier et entrepreneur, puis par son fils Alessandro, déploie ici ses chefs-d’oeuvre, dans une impressionnante série que viennent compléter un certain nombre de sculptures conservées au Louvre. La réunion de ces pièces d’un très haut niveau artistique permet une exploration de la sculpture romaine à travers des genres majeurs (notamment le portrait), des modalités de production (les copies romaines d’originaux grecs et l’assimilation de leurs modèles), ou des typologies spécifiquement romaines (les sarcophages sculptés).

Tête de satyre, copie du type d’Herculanum, Ier siècle ap JC, Collection Torlonia, (ancienne collec Giustiniani) (©Fondazione Torlonia)

C’est au Louvre que les marbres Torlonia s’installent pour leur premier séjour hors d’Italie, dans l’écrin restauré des appartements d’Anne d’Autriche, siège des collections permanentes de sculpture antique depuis la fin du XVIIIe siècle et la naissance du musée du Louvre. Les collections nationales françaises se prêtent volontiers à un dialogue fécond avec les marbres Torlonia, qui interroge l’origine des musées et le goût pour l’Antique, élément fondateur de la culture occidentale.

 Cette exposition met en lumière des chefs-d’oeuvre de la sculpture antique et invite à la contemplation des fleurons incontestés de l’art romain, mais également à une plongée aux racines de l’histoire des musées, dans l’Europe des Lumières et du XIXe siècle.

L’ART DU PORTRAIT :
UNE SPÉCIFICITÉ ROMAINE

La collection Torlonia abrite essentiellement des œuvres découvertes à Rome. Elles sont pour beaucoup d’entre elles des copies d’après des œuvres grecques, d’autres sont des créations romaines originales et témoignent de l’importance du foyer culturel qu’est Rome à la fin de l’époque républicaine et au début de l’époque impériale. Il est un domaine dans lequel les sculpteurs romains ont excellé, c’est celui du portrait.

C’est sans doute le monde étrusque qui a facilité le développement de cet univers spécifique. Garder l’image des ancêtres est une nécessité dans les grandes familles de l’aristocratie sénatoriale et chez les familles influentes. On les garde près du Laraire, l’autel privé où l’on vénère, dans la maison, les divinités protectrices du foyer. Ils ornent aussi les lieux publics et rappellent le souvenir de quelques généreux donateurs ou d’un empereur au sommet de sa puissance. La collection Torlonia en possède une très importante série.

Buste de femme, dite Aquilia Severa, Début du IIIe siècle après JC. Collection Torlonia (©Fondazione Torlonia)

COPIES D’ŒUVRES
GRECQUES ET ŒUVRES
D’INSPIRATION

Après l’annexion par la République romaine de la Grèce à partir de 146 avant notre ère, un pillage sans précédent dirige vers Rome les chefs d’œuvre de la statuaire antique qui ornaient alors sanctuaires et bâtiments publics des villes du monde hellénique. La presque totalité des œuvres transférées disparaitra par la suite, en particulier de nombreux bronzes monumentaux fondus ou détruits.

Les grandes familles romaines souhaitant décorer villas et jardins avec des œuvres grecques, une multitude de copies sont réalisées, en général en marbre. Elles sont travaillées directement en Grèce ou dans des ateliers de Rome. On connait grâce à elles certaines œuvres disparues car des dizaines de copies romaines de qualité plus ou moins grandes, en sont parfois conservées. L’intérêt de ces œuvres est qu’elles gardent le souvenir et l’image de chefs-d’œuvre qui sinon seraient irrémédiablement perdus. La collection Torlonia dispose de nombreux exemples de ces réalisations très appréciées par les riches patriciens de la capitale de l’empire.

STATUES ROMAINES,
RELIEFS ET SARCOPHAGES

Si la collection Torlonia est riche en portraits et en copies d’œuvres grecques, elle abrite aussi un ensemble important d’œuvres qui sont des créations purement romaines et qui élargissent son éventail. Les artistes romains nous ont laissé un grand nombre de reliefs sculptés qui forment un corpus hors norme. Le décor monumental de certains édifices et le travail de sarcophages ornés constituent un apport essentiel de Rome à l’histoire de l’art antique. Ses répercussions se feront sentir dans l’art occidental jusqu’au 20e siècle.

Constituée à Rome, la collection Torlonia abrite un grand nombre de reliefs plus ou moins fragmentaires mais aussi un groupe impressionnant de sarcophages sculptés qui comptent parmi ses plus grands trésors. Ce sont des reliefs de ce type qui auront une grande influence sur les peintres et les sculpteurs de la première Renaissance.

Il Caprone, IIe siècle après JC, Collection Torlonia, ancienne collection Giustiniani (©Fondazione Torlonia)

Lieu : Musée du Louvre, Paris 1er
Exposition jusqu’au 6 janvier 2025

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