Créatrice de la monnaie sonnante et trébuchante, le 11 Conti – Monnaie de Paris trouve tout naturellement opportun de s’intéresser aux « écrins » qui, à travers toutes les époques, ont pour fonction de contenir de l’argent et parfois diverses choses. Objets du quotidien et indices du statut social, bourses, porte louis, et porte-monnaie permettent d’évoquer la vie mondaine au cours des siècles et plus particulièrement du XIXe siècle et une illustration « du chic parisien ».
Étonnamment, les porte-monnaie n’ont jamais fait l’objet d’une exposition à part entière en France. La qualité esthétique de ces objets mérite pourtant qu’on s’y intéresse au-delà de leur utilité.
La collection rassemblée par Henri Joannis-Deberne est inédite, elle couvre la période 1830-1930. Elle sera complétée par l’emprunt de porte-monnaie à des musées français, et de grandes maisons de maroquinerie et de joaillerie, pour le XXe siècle, période où le porte-monnaie, au même titre que le sac à main, devient un accessoire de mode des grandes marques contemporaines.
Plus de 200 pièces variées seront exposées, de matériaux divers (écaille, bois, ivoire, nacre, tissu, métal, coquillage, cuir, etc.) et de provenances diverses (France, Autriche, Angleterre, Italie, Russie, etc.).
De nombreux métiers associés, tabletiers, bijoutiers, joailliers, se sont exercés à réaliser ce type de menus objets.
Enfin, des monnaies de la collection de la Monnaie de Paris seront présentées en relation avec les porte-monnaie.
Cette exposition est née de la patience du collectionneur Henri Joannis-Deberne (1928-2009). En 1963, il achète par hasard un porte-monnaie en écaille. De là commence sa quête de petits objets, carnets de bal, porte-bouquets, éventails… datant de 1830 à 1930, dont 250 porte-monnaie, tant féminins que masculins.
Sa veuve, Claudette Joannis, conservatrice honoraire du patrimoine, propose le prêt de cette collection à la Monnaie de Paris. Aussitôt séduit, le musée du quai de Conti la complète pour atteindre 300 pièces provenant de France mais aussi d’autres pays d’Europe. Béatrice Coullaré, l’une des commissaires de l’exposition, souligne qu’il représente «un accessoire incontournable de l’élégance à la française et [que] sa fabrication participe des arts décoratifs réunissant le précieux et l’utile.»
L’exposition rappelle l’origine du porte-monnaie dès l’Antiquité, pour s’arrêter plus spécialement sur le XIXe siècle. Aumônière, bourse, porte-louis, réticule, escarcelle, minaudière (inventé par Van Cleef & Arpels)… le vocabulaire est décliné au fil du temps, ainsi que des mots mystérieux comme cannetille, maroquin, galuchat, niellé… désignant leur matériau.
Les fermoirs sont à boule ou à friction mais aussi à rabat, à levier, à bascule, à clapet, à tirette ou à pression. Il fait savoir qu’entre 1847 et 1901, 598 brevets d’invention portant sur la fabrication des porte-monnaie sont déposés. Le Second Empire est inspiré par le cuir. En 1898, la maison Le Tanneur invente un porte-monnaie sans couture alors que pendant les Années folles les bijoutiers, notamment de la place Vendôme, s’approprient l’objet pour l’agrémenter d’or et de pierres précieuses.
En 1934, la Maison Hermès créé son porte-monnaie appelé «Zoulou», pliable comme un origami et encore fabriqué de nos jours. L’exposition s’achève avec le XXIe siècle, présentant de grandes marques de maroquinerie et joaillerie.
En savoir plus:
Monnaie de Paris
Salle 7 – Musée du 11 Conti
11, quai de Conti
75006 PARIS
Jusqu’au 3 novembre 2019
https://www.monnaiedeparis.fr