Claude III (1658-1734) est un peintre ornemaniste qui eut une grande influence sur l’évolution du décor intérieur de son temps. Il s’est spécialisé dans les décorations murales et a créé des tapisseries et des panneaux décoratifs d’un style léger, fin et fouillé… Sa production, très variée, touche à toutes les disciplines : textiles (broderies, vêtements d’Église), tapis de la Savonnerie, carrosses, clavecins et programmes décoratifs d’importance.
Né à Lyon, Claude III Audran a vécu chez son oncle, Claude II Audran, peintre et collaborateur de Le Brun, Jouvenet et Coypel. Peintre ordinaire du roi en 1699, il obtient la charge de concierge, conservateur du palais du Luxembourg en 1704. Il participa en 1700-1701 au décor de la Ménagerie de Versailles et à la chapelle de Versailles, ainsi qu’aux châteaux de Fontainebleau , d’Anet, de Meudon , aux Invalides et aux Gobelins .
En 1704, il décore le nouvel appartement de la duchesse du Maine à Sceaux. En 1709, il exécute un décor de singeries pour le roi Louis XIV au château de Marly . Ce décor, aujourd’hui détruit, est connu par des dessins préparatoires.
Audran est proche des grands du Royaume. Monseigneur, le fils de Louis XIV, l’apprécie considérablement, allant jusqu’à lui confier la décoration de l’ensemble des plafonds de son Grand Appartement, situé au premier étage du Château Vieux de Meudon.
Il travaille aussi au château d’Anet pour le duc de Vendôme en 1689, puis décore, au début des années 1700, le pavillon de chasse du prieur de Vendôme, frère du duc de Vendôme, situé au 7 rue de Landry à Clichy. Au château de Réveillon , dans la vallée du Grand-Morin , il peignit en 1731, en collaboration avec Jean-Baptiste Oudry, les Fables de la Fontaine pour Jules-Robert de Cotte, fils de l’architecte, qui acheta le château en 1730. En, 1733, Audran retravailla au château d’Anet : il y peignit le salon doré en collaboration avec Christophe Huet.
Claude III Audran eut comme collaborateurs de ses grands décors, les plus grands artistes confirmés de son époque comme son ami le peintre animalier Jean-Baptiste Oury ou encore Lagillière et Desportes. Il employa, à ses débuts, Watteau qu’il fit travailler comme apprenti. L’artiste s’est imposé comme le propagateur des décors arabesques remis à la mode par Jean Berain.
Les dessins d’arabesques de claude III Audran composent encore des séries triomphes des dieux ou les douze mois de l’année, livrent ainsi leur fidélité à une symbolique traditionnelle; mais en même temps, leur stylisation s’accentue en légèreté, dans une écriture de grâce subtile sur fonds blancs ou or; leur besoin d’expression naturaliste grandit, dans le traitement de feuillages et de fleurs, ou dominent l’acanthe et les guirlandes; leur fantaisie va de pair avec leur légèreté subtile et leur tentation de nature ; c’est le temps ou naissent, singeries et chinoiseries.
Beaucoup de ces travaux décoratifs ont été détruits. Mais, heureusement, bon nombre de tapisseries pour lesquelles il donna des cartons ont été conservées. Par ailleurs, le collectionneur suédois Cronstedt acheta, à la mort d’Audran, son fond d’atelier, soit plus de 2 000 dessins. Ils appartiennent aujourd’hui aux collections du Nationalmuseum de Stockholm.