Il s’agit d’une collection d’art exceptionnelle par son ampleur et sa diversité : celle commencée par Josef Mueller dès 1907, continuée par sa fille Monique et son gendre Jean Paul Barbier-Mueller et poursuivie aujourd’hui par leurs enfants et petits-enfants.
Ces chefs-d’œuvre des civilisations du monde entier (art antique et tribal, peinture moderne et contemporaine, bibliophilie, numismatique…) seront exposés au Grand Palais lors de La Biennale Paris jusqu’au 17 septembre 2017.
Jean Paul Barbier-Mueller est décédé fin 2016, au moment où son musée allait fêter son quarantième anniversaire à Genève et où, à Paris, La Biennale Paris s’apprêtait à célébrer 110 ans de collections familiales passionnantes.
Outre les chefs-d’œuvre d’art tribal réunis par les parents, le parcours propose une sélection de pièces issues des collections des descendants: monde des samouraïs (collectés par Gabriel), numismatique et peinture du XVIIIe (Stéphane), art contemporain (Thierry) et éditions originales des XVIIe et XVIIIe siècles (Diane).
Le livre, qui accompagne l’exposition du Grand Palais , permettra de faire découvrir comment le goût de l’art, des lettres, de l’histoire et des cultures du monde s’est diffusé de génération en génération.
Cette passion héréditaire a conduit les Barbier-Mueller à composer un ensemble d’œuvres qui constitue un hommage inestimable à la beauté universelle.
Monique Barbier-Mueller elle-même évoque la formidable aventure artistique qu’elle a vécue auprès de son père puis de son époux et que poursuivent aujourd’hui avec ardeur ses enfants : Gabriel, Thierry, Stéphane et sa petite-fille Diane. Au-delà de la valeur des œuvres, l’histoire de leur acquisition est une véritable exploration de l’univers de l’art et des collectionneurs.
De Ferdinand Hodler à Andy Warhol et Jeff Koons, de monnaies de l’empire russe à des armures de samouraïs, d’une figurine de la Grèce antique à une édition originale de L’École des femmes de Molière, en passant par des pièces incomparables de l’art primitif africain et océanien, le caractère encyclopédique des collections Barbier-Mueller invite à un voyage extraordinaire à travers le temps, l’espace et l’âme humaine.
QUELQUES PIÈCES DES COLLECTIONS
BARBIER-MUELLER
Cette statuette a appartenu à Maurice de Vlaminck, figure majeure des Fauves. Ce dernier a commencé à acquérir des sculptures vers 1905. Selon le marchand Charles Ratton, il ne cessa jamais d’acheter et de revendre, pour finir par amasser des pièces d’or dans lesquelles il plongeait les mains avec
volupté. Ratton disait que cette statue avait été acquise par le peintre avant les années 1920.
Die Schwarze Sängerin (La chanteuse noire) peinte en 1982, montre une figure plus grande que nature, la tête à l’envers selon le procédé d’inversion adopté par l’artiste dès 1969. Définie par d’épais traits de pinceau noirs et jaunes, la chanteuse est accompagnée de son ombre.
Ce masque est emblématique des arts africains. En raison de sa ressemblance avec les visages allongés des fameuses Demoiselles d’Avignon de Picasso (1907), cette pièce a été l’une des prétendues sources d’inspiration visuelle du peintre catalan.
En 1984, cependant, William Rubin montrera, à l’occasion de son exposition Le Primitivisme dans l’art du XXe siècle, qu’il n’en avait rien été puisque, vérifications faites, il s’est avéré que cet objet avait été récolté au Congo français plus de dix ans après la réalisation du tableau…
C’est au printemps de 1791 à Naples qu’ Elisabeth Vigée-Le Brun entamait le portrait d’Emma Hamilton qu’elle désignera plus tard comme « celui des ouvrages auquel je tenais le plus ».
Exposé dès 1930 à Paris et dès 1935 au Museum of Modern Art de New York, ce masque, qui a appartenu à l’artiste André Derain, est l’un des très rares exemplaires anciens de ce type conservés dans les collections occidentales. Provenant de la région de l’Ogooué supérieur et peut-être des Tsaayi, il intervenait dans les danses masquées kidumu qui servaient initialement à affirmer et consolider la structure sociale et politique du groupe dans un cadre cérémoniel. Sur le point de disparaître au début de la colonisation française, cette tradition masquée connut un nouvel élan après l’indépendance du Congo. Bien que les sculpteurs des nouveaux masques, désormais destinés au divertissement, s’inspirent du répertoire formel traditionnel, on ne connaît aucun exemplaire moderne reprenant la composition graphique de la pièce présentée ici.
« Woman in tub » représente une femme avec la tête coupée, en porcelaine peinte, dans un bain moussant, les mains sur les seins, menacée par un intrus dissimulé par un masque de plongée, sous l’eau.
Ce fleuron du musée Barbier-Mueller est un insigne de pouvoir offert en 1905 avec d’autres regalia par le sultan Ibrahim Njoya, qui régna de 1886 à 1933, au capitaine des forces allemandes, Hans Glauning. La région des Grassfields camerounais était alors une colonie allemande. L’alliance du souverain avec les forces allemandes lui permit de vaincre les Nso, ennemis héréditaires des Bamum, et de récupérer la tête de son père prise à l’occasion de combats antérieurs.
Jean Paul Barbier-Mueller a assemblé une importante collection d’œuvres de Nouvelle-Irlande, archipel Bismarck, PapouasieNouvelle-Guinée
dont il s’entourait volontiers à son domicile. Une sélection de ces pièces sera exposée à Paris. Toutes disposent d’une provenance prestigieuse.
Tout objet malagan est un arrangement complexe de symboles réunis en un tout cohérent.
La Ann & Gabriel Barbier-Mueller Samurai collection est la plus complète et la plus importante du monde en dehors du Japon comme l’illustre cet exemple de casque Kawari. La simple sphère de métal a été surmontée d’une énorme coquille Saint-Jacques faite de bois, de cuir et de carton, le tout recouvert d’une laque noire d’excellente qualité.