Commode marquetée de J-F Hache

Commode XVIIIe d’époque Transition estampillée « HACHE FILS – A GRENOBLE » pour Jean-François Hache (1730-1796) l’aîné de la célèbre dynastie des Hache, l’ébénisterie attitrée du Duc d’Orléans gouverneur du Dauphiné. A noter la présence de son étiquette commerciale d’origine figurant sur la porte latérale gauche (correspondant à l’étiquette n° 8 à la date de 1773 Grenoble).

J-F Hache (1730-1796) Commode de Salon. (c) galerie Tramway, Proantic.

Elle présente une très élégante structure de forme sauteuse galbée sur toutes faces, ouvrant par deux rangs de tiroirs et deux portes latérales délicatement incurvées. L’ensemble de la commode est garni d’une marqueterie composée de belles loupes moirées, nuageuses et teintées qui s’associent avec l’emploi de bois exotiques déployant un riche décor.

J-F Hache (1730-1796) Commode de Salon. (c) galerie Tramway, Proantic.

La commode est plaquée sur un bâti de noyer, galbée sur toute ses faces elle ouvre à deux grands tiroirs en façade et deux portes s’articulent de part et d’autre du meuble. Les marqueteries de bois essentiellement indigènes (noyer, prunier, épinevinette bois teintés etc.. ) représentent des guirlandes de laurier, fleurs, baies, insectes.. elles sont sur un fond de sycomore teinté tabac et sont bordées de filets de buis en façade et de bois de violette sur les portes. Les réserves cruciformes en satiné rubané sont bordées de filets de buis puis de frisage d’acacia alternant deux couleurs. Les montants et les pieds sont plaqués de loupe de frêne ou de sycomore teinté et bordé de buis. Le reste, traverses, pieds etc est plaqué d’amarante.

J-F Hache (1730-1796) Commode de Salon. (c) galerie Tramway, Proantic.

Le fils aîné de l’ébéniste Pierre Hache (1703-1776), Jean-François, était le membre le plus célèbre de la dynastie Hache. Après des années d’apprentissage dans l’atelier familial, il lance sa propre entreprise en 1754, mais continue à travailler avec son père. Lorsque son père prend sa retraite en 1770, Jean-François reprend l’atelier. Très vite, il possède plusieurs ateliers et compte parmi sa clientèle les habitants les plus importants de sa région. Il produisit des meubles du plus grand luxe ainsi que tout l’ameublement de la maison. Dès le début, il utilisa le cachet de son père pour signer ses œuvres, auxquelles il ajouta des « fils ». Outre les célèbres ateliers parisiens, celui de Hache à Grenoble, fondé par Thomas Hache au début du XVIIIe siècle, est l’un des ateliers français les plus productifs et les plus remarquables de menuiserie d’art européen. Thomas (1721) ainsi que son fils Pierre (1757) et son petit-fils Jean-François (env. 1770) ont reçu la haute distinction « Ebéniste et Garde (des Meubles) de Monseigneur le Duc d’Orléans ».

J-F Hache (1730-1796) Commode de Salon. (c) galerie Tramway, Proantic.

Les nombreux bois – amboine, thuya, noyer, frêne, érable, mûrier, sycomore et citronnier – ornaient la structure de base du mobilier, principalement conçu avec des racines à grain. Le grain de la racine avec son aspect très vivant était non seulement un choix de bois typique pour les Hache, mais aussi une mise en valeur visuelle saisissante du mobilier, qui ne dépendait donc pas de ferrures en bronze coûteuses.

La répartition plus précise des tâches au sein de l’atelier Hache pourrait être déterminée grâce aux dernières recherches sur les approches importantes. Pierre et Jean-François travaillaient dans la même entreprise familiale. Aujourd’hui, cependant, il est considéré comme certain que Jean-François a commencé à s’engager dans une voie indépendante à partir de 1745 environ. Les deux grands maîtres avaient leurs propres collaborateurs personnels. Jean-François voyagea plusieurs fois à Paris en 1755/56 et y passa plusieurs mois dans l’atelier du célèbre « Ebéniste du Roi » Jean-François Oeben. Son influence se voit bien dans l’œuvre de Jean-François, notamment dans l’évolution de la marqueterie de fleurs et de guirlandes pour l’ameublement vers 1760. C’est aussi l’époque où l’on peut dater la véritable « percée » de Jean-François au sein de l’entreprise familiale. Père et fils avaient probablement une comptabilité interne séparée, ce qui était cohérent avec l’utilisation simultanée des timbres HACHE A GRENOBLE et HACHE FILS A GRENOBLE. En 1770 ils ont fourni au président V. de la Tour un important bureau à cylindre (anciennement collection de la comtesse D. de Bonvouloir), encore conservée aujourd’hui et signée par les deux maîtres – par le père en qualité de menuisier , par le fils dans celui d’ébéniste. Lit. : P. Kjellberg, Le mobilier français du XVIIIe siècle, Paris 1989 ; P. 380 F. (Informations biographiques). M. Clerc, Hache Ebénistes à Grenoble, Grenoble 1997 ; Pp. 12-68 (informations biographiques). R. Fonvieille, La dynastie des Hache, Grenoble 1974 (renseignements biographiques).

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