L’exposition est présentée au Musée de la Nacre et de la Tabletterie jusqu’au 31 Août 2014
Cette exposition permet d’éclairer le rapport des artistes aux formes naturelles et plus particulièrement aux coquillages. Collectés, analysés, assemblés, ils constituent un important répertoire de formes pour les artistes qui s’en inspirent tant dans la peinture, la sculpture que dans les arts décoratifs.
L’exposition s’articule en trois parties :
Géométrie du vivant
Cette première partie s’attache à illustrer la pratique de la collection des coquillages. Les curiosités de la nature suscitent de fait un intérêt scientifique chez les érudits et les amateurs éclairés dès la renaissance. On cherche alors à rassembler toutes les merveilles du monde, en particulier les objets exotiques et inhabituels.
Les premières collections prennent la forme de cabinets de curiosités, ancêtres des musées de sciences et de beaux-arts dans leur volonté tout à la fois de catégoriser et de documenter le vivant, et de mettre en valeur les artefacts fondant la beauté du monde.
La pratique de la collection est indissociablement liée à la constitution des cabinets de curiosités dès le 16e siècle. Les cabinets de curiosités sont des lieux dédiés au rassemblement d’objets étranges ou merveilleux, couvrant les trois règnes de la nature (mondes animal, végétal et minéral) ainsi que certaines productions humaines.
Ce désir de collecter des objets rares accompagne le développement des grandes explorations et la découverte de terres, peuplades et espèces étrangères.
Dans les cabinets de curiosités, les coquillages, inclus dans la catégorie des naturalia, étaient en général rangés non par classification mais par associations de formes. C’est donc les rapprochements esthétiques qui prévalent, comme en prélude au travail des artistes modernes.
De la forme au signe : la collection de Gallé et sa famille
La suite de l’exposition aborde l’attention particulière portée par Emile Gallé au monde naturel. Toute sa vie, il collectionne les coquillages dont les formes très variées lui procurent un répertoire décoratif inépuisable.
Son travail du verre, de la céramique mais aussi du mobilier, à la fin du 19e siècle, s’inscrit dans le mouvement de l’Art Nouveau. Ce dernier, par son attention aux motifs organiques, aux couleurs vivantes et aux lignes mobiles, propose un regard moderne sur la nature.
Emile Gallé est un artiste et maître verrier français, né en 1846. Son père, Charles Gallé, était installé comme maître verrier à Nancy depuis 1844. Gallé développe dès sa jeunesse un intérêt pour les arts décoratifs ainsi que pour les formes naturelles. Il installe sa maison de verrerie en 1873 à Nancy, dans l’idée de reprendre l’activité paternelle.
Dès 1878 il est à la tête de l’entreprise et la fait agrandir. Tout au long de sa carrière, Gallé n’a de cesse d’enrichir son répertoire de formes et sa connaissance des plantes, insectes et autres éléments naturels.
L’œil de l’abondance
Aujourd’hui, la collecte et l’assemblage sont le parti-pris du travail d’Armelle Fabre. Elle constitue des masques en coquillages aux formes arborescentes et déployées dans l’espace. L’assemblage composite donne naissance à une prolifération de formes, à une densité structurelle puissante et à un rythme particulier dans ses œuvres. Ses masques jouent en permanence sur les rapports entre vide et plein, intérieur et extérieur, fixité et mouvement.
A la fois fabuleux et monstrueux, comme ces créatures fictives que recelaient les premiers cabinets de curiosités, les masques d’Armelle Fabre conjuguent exubérance et délicatesse et évoquent des artefacts de rites perdus ou de cultures ancestrales. Ses œuvres se placent résolument au seuil de l’étrange, porte ouverte à tous les imaginaires.