Corps et Ombres: Caravage et le caravagisme européen

Caravage et le caravagisme européen

78025301_p Dans le cadre de l’organisme de coopération franco-américaine Frame (French Regional American Museum Exchange), le musée Fabre de Montpellier et le musée des Augustins de Toulouse s’associent au Los Angeles County Museum of Art et au Wadsworth Atheneum Museum of Art de Hartford pour présenter une exposition exceptionnelle consacrée au Caravagisme européen jusqu’au 14 octobres 2012.

L’exposition Corps et ombres, Caravage et le caravagisme européen a reçu le label « exposition d’intérêt national » par le ministère de la Culture et de la Communication. Ce label récompense chaque année les musées de France qui mettent en œuvre un projet d’exposition remarquable par sa qualité scientifique, ses efforts en matière de médiation culturelle et son ouverture à un large public.

Le partenariat franco-américain noué à cette occasion permet de révéler aux publics européens et américains une sélection de 130 chefs-d’oeuvre, de Caravage à Rembrandt ou Georges de la Tour, rarement prêtés, rendue possible par la coopération d’institutions internationales aussi prestigieuses que la National Gallery de Londres, le Palais Pitti de Florence, le musée du Prado de Madrid… Montpellier et Toulouse, les deux capitales historiques du Languedoc sensibles au caravagisme au début du XVIIe siècle, avaient toute légitimité à être à l’origine de cette exposition, première jamais consacrée en France au mouvement caravagesque dans son ensemble.

Expo: Caravage et le caravagisme européen… par TVSud

Le musée Fabre de Montpellier Agglomération et le musée des Augustins de Toulouse présentent simultanément les deux volets complémentaires de l’exposition conçue comme un diptyque :

  • au musée Fabre de Montpellier Agglomération, les caravagismes italien, français et espagnol : Caravage, ses premiers suiveurs (Gentileschi, Manfredi…), puis son influence sur l’école espagnole (Ribera, Vélasquez, Zurbarán) et française (Valentin, Vouet…) jusqu’au peintre de la réalité Georges de la Tour.
  • au musée des Augustins de Toulouse, les caravagismes flamand et hollandais :l’école d’Utrecht (Terbrugghen, Honthorst…), les peintres d’histoire hollandais (Bramer, Rembrandt…), le baroque flamand (Jordaens, Seghers …).
Caravage et le caravagisme européen
Gerard Seghers, Le Reniement de saint Pierre
© North Carolina Museum of Art, Raleigh,

DE CARAVAGE AU CARAVAGISME…

Né en 1571 à Milan, mort en 1610 à Porto Ercole, Michelangelo Merisi da Caravaggio, dit Caravage, est une figure révolutionnaire dans la peinture occidentale. Apparaissant sur la scène artistique romaine alors que naît l’esthétique baroque, Caravage s’impose rapidement grâce au caractère radicalement novateur de son art. Son utilisation magistrale du clair-obscur, comme le cadrage à mi-corps de ses figures, donne à ses compositions une puissance dramatique inédite, tandis que sa lecture réaliste, qui mêle trivial et sacré, rend accessible l’art religieux au commun des mortels.

L’artiste inaugure de nouveaux thèmes, comme les scènes de jeu ou de taverne, les diseuses de bonne aventure, les musiciens. Défrayant la chronique, Caravage fait très tôt des émules : les premiers suiveurs romains (Baglione, Saraceni, Gentileschi…) s’inspirent de son approche directe de la réalité tandis que d’autres artistes, pourtant résolument classiques ou baroques (Cagnacci, Guerchin…), se laissent tenter par certaines formules ou thématiques

Caravage et le caravagisme européen
Gerrit van Honthorst, Femme accordant son luth
© Musée de Fontainebleau. Photo RMN / Gérard Blot

L’art de Caravage devient une école européenne lorsque les jeunes artistes, venus de tous horizons se former à Rome, perpétuent son style et le font évoluer. Son élève Manfredi transmet de la façon la plus sensible l’héritage de la scène de genre décrivant jeux, rixes ou duperies, auprès des peintres étrangers, notamment français (Vouet, Valentin…), flamands et hollandais (Seghers, Honthorst…). L’école d’Utrecht perpétue aux Pays-Bas le clair-obscur dramatique que Rembrandt portera à son sommet.

Parallèlement, à Naples, où Caravage a séjourné à deux reprises, son style aboutit au ténébrisme de Ribera puis se diffuse en Espagne avec Velázquez et Zurbarán. Artiste au confluent des cultures nordique, italienne et française, Georges de La Tour, d’abord très marqué par le Caravagisme dans le jeu de clair-obscur, l’entraîne vers une esthétique plus contemplative et moins dramatique. Caravage aura marqué de son empreinte l’art européen pendant près d’un demi-siècle.

 

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