Une élégante et décorative encoignure à décor de laque Européenne proposant un joli paysage chinoisant sur fond noir et or, agrémenté de pagodes arborées dans un environnement marin.
L’encoignure en sapin traité dans la couleur Sang de Bœuf, reçoit sur les portes galbées la laque contrecollée.
Beau meuble Français d’époque Louis XV vers 1755-1760 portant l’estampille prestigieuse de Jean-Charles Ellaume avec son poinçon JME de la Jurande des Menuisiers Ébénistes et frappé sur les deux hauts de montants l’estampille de L Fortin.
Qui a travaillé pour qui ? : Nous pouvons supposer que Jean-Charles Ellaume fut à l’origine de ce meuble, sa biographie atteste qu’il a parfois réalisé des ouvrages pour des commandes de confrères, il a aussi réalisé des meubles avec cette technique particulière de l’apposition des laques en façade de meuble et beaucoup de mobilier sur plinthe saillante. Enfin il y a fort à parier que ce fut lui que la Jurande avait contrôlé.
L. Fortin est moins connu, bien qu’aujourd’hui ses meubles atteignent des prix importants en ventes aux enchères. A-t’il commandé du mobilier en laque à son confrère, nous pouvons le penser, avec tous les éléments de biographie que nous possédons.
Jean-Charles Ellaume 1714-1763 :
Dit parfois Allaume ou Elleaume – est un ébéniste Français du XVIIIème siècle, reçu Maître le 6 novembre 1754.
Son atelier se trouvait jusqu’en 1775 rue Traversière dans le quartier du faubourg Saint-Antoine, à Paris.
Durant plus de trente ans, Jean-Charles Ellaume réalise de très nombreuses commodes de style Louis XV, Régence et Louis XIV. Il pratique la technique du placage en frise. Sa fabrication est soignée: commode «tombeau» d’époque Régence, à traverses apparentes, petites commodes Louis XV à deux tiroirs, également à traverses apparentes.
Son atelier produit aussi des meubles pour ses confrères ébénistes, tels Léonard Boudin ou Jean-Baptiste Tuart. Cette production est beaucoup moins importante mais de plus grande qualité que les commodes qu’il produit pendant plus de trente ans: beaux bureaux plats pourvus de bronzes rocailles, rares commodes et encoignures Louis XV ornées, sur fond de bois de rose, de très fines et très décoratives marqueteries de fleurs, de branchages, d’instruments de musique en bois teintés, dans des encadrements de rinceaux.
Henry Havard fait figurer Ellaume dans sa liste des ébénistes qui ont réalisé «des ouvrages d’une certaine valeur depuis l’année 1608 jusqu’à la fin de l’Ancien Régime».
Jean Nicolay fait l’éloge d’Ellaume dans L’art et la manière des maîtres ébénistes français au XVIIIèmesiècle: «Ses bureaux ont toujours une ligne harmonieuse et d’excellents proportions. Ils sont le plus souvent marquetés en bois de Rose… Les bronzes sont toujours élégants et sobres et assurent discrètement une ornementation distinguée. En somme, Ellaume a été un excellent ébéniste qui manifeste une science parfaite de son art».
Musées et œuvres classées de l’ébéniste Jean-Charles Ellaume :
L’une de ses commodes, conservée au Château de Morlane est classée au titre objet dans les monuments historiques depuis le 20 juin 19798.
Deux autres commodes sont protégées: inscription d’une commode le 9 avril 2009 conservée dans la chambre dite de Louise-Aimée au Château de Vendeuvre et classement d’une commode depuis le 29 juillet 2011 au Château de Gizeux.
Le Musée des Beaux-Arts de Bernay possède plusieurs commodes d’Ellaume dans ses collections permanentes.
Le Château Royal de Wawel compte dans ses collections des commodes des ébénistes parisiens, dont Ellaume.
L. Fortin :
Rare estampille de l’ébéniste Fortin. On sait qu’il a exercé dans la capitale à l’époque de LouisXV, et ses productions, estampillées «L. Fortin» — L.sans doute pour «Louis»—, font souvent preuve d’originalité par leur silhouette et leurs motifs décoratifs. Cette estampille se trouve toujours sur des meubles de qualité et sur une production limitée et uniquement d’époque Louis XV.