Des fleurs en hiver

Des fleurs en hiver, delacroix - Othoniel- Creten

Le Musée national Eugène Delacroix présente l’exposition

« Des fleurs en hiver, delacroix – Othoniel- Creten « 

Visible jusqu’au 18 mars 2013

À l’occasion de la rénovation du jardin du musée national Eugène-Delacroix, l’exposition rassemble pour la première fois, sous le titre paradoxal « Des fleurs en hiver », les principaux tableaux de fleurs de Delacroix et ses plus belles aquarelles, venus de musées français et étrangers. Cette présentation sera accompagnée d’oeuvres de deux artistes contemporains, Jean- Michel Othoniel et Johan Creten, illustrant la permanence de l’inspiration florale, au XIXe comme au XXIe siècles, chez des créateurs aux parcours pleinement inscrits dans leur temps.

Plus connu pour ses oeuvres de sujets romanesques ou orientaux, Eugène Delacroix n’a pas négligé ce genre traditionnel qui lui a permis d’expérimenter la voie de la dilution de la forme dans l’explosion de la couleur. Bien que ses principaux bouquets remontent aux quinze dernières années de sa vie, il ne manque pas d’esquisser de tout temps des fleurs dans ses carnets et d’en mentionner dans son journal, comme lors de son séjour marocain de 1832, où il est frappé par les « fleurs sans nombre de milles espèces formant les tapis les plus diaprés ».

Des fleurs en hiver, delacroix - Othoniel- Creten
Eugène Delacroix
Fleurs dans un vase et fruits
© Belvedere, Vienne

Habitué du parc du château de Nohant, où l’invitait George Sand, pour qui il composa un de ses bouquets les plus libres (Vienne, galerie du Belvedere), Delacroix acquit ensuite une maison dans le village de Champrosay pour s’y reposer dans le calme de son propre jardin. C’est aussi la jouissance d’un jardin privé qui l’incita à s’installer dans l’appartement de la rue de Furstenberg en 1857.

 L’exposition célèbre ainsi un sujet qui n’a cessé de hanter les créateurs de la modernité, de Courbet à Monet ou Cézanne, qui possédait le plus abouti des bouquets dessinés de Delacroix. Elle propose en parallèle un dialogue avec les oeuvres de deux créateurs de notre siècle, Jean-Michel Othoniel, qui a notamment conçu le Kiosque des Noctambules à l’entrée du métro Palais-Royal et Johan Creten, sculpteur dont les créations récentes pour la manufacture de Sèvres ont été remarquées. Ces artistes contemporains qui placent les fleurs au coeur de leur inspiration ont répondu par des créations pour la plupart inédites à cette invitation. De verre, de bronze, de porcelaine et de papier, elles ne sont en rien des transcriptions d’après Delacroix mais elles illustrent l’éternelle source d’inspiration qu’offre la nature aux artistes.

Des fleurs en hiver, delacroix - Othoniel- Creten
Eugène Delacroix
Iris et crâne
© RMN-GP (Musée du Louvre) / Michèle Bellot

 

Delacroix et les fleurs

Production parfois jugée à tort circonstancielle, les fleurs occupent une place significative dans la création d’Eugène Delacroix, artiste si sensible aux forces de la nature et à la question de leurs relations avec l’homme. Ainsi, contre toute attente, au lendemain de la Révolution de 1848, il pensa consacrer exclusivement au thème des fleurs ses livraisons au Salon suivant : cinq grands bouquets ostensiblement assemblés. Dans une lettre à Constant Dutilleux, il prétend qu’il « a essayé de faire des morceaux de nature comme ils se présentent dans des jardins, seulement en réunissant dans le même cadre et d’une manière un peu probable la plus grande variété de fleurs ».

Des fleurs en hiver, delacroix - Othoniel- Creten
Eugène Delacroix
Etude d’asters et balsamine
© Kunsthaus, Zurich

 

De fait, ces compositions sont guidées par un sens décoratif qui dépasse cette déclaration de principe et renvoie à la tradition du Grand Siècle. Insatisfait de leur accrochage, il en fit retirer deux, aujourd’hui perdues, et n’acheva pas à temps la cinquième (Montauban, musée Ingres). La Corbeille renversée dans un parc du Metropolitan Museum de New York frappe par sa mise en scène, plus étrange qu’il n’y paraît d’abord, tel cet inquiétant arceau de liserons étudié dans l’étonnant pastel préparatoire du même musée.

  Deux regards contemporains

Privilégiant, par goût des métamorphoses, les matériaux aux propriétés réversibles, Jean-Michel Othoniel (né en 1964) se fait remarquer en 1992 à la Documenta de Kassel par ses sculptures en soufre. L’année suivante, il introduit le verre dans son travail, qui deviendra son matériau de prédilection. Sa création est multiple, composée d’oeuvres épurées chargées de poésie et d’érotisme. L’artiste présente au musée Eugène-Delacroix son Herbier Merveilleux ; des aquarelles et deux sculptures dialoguent avec les fleurs du peintre. Othoniel et le paysagiste Louis Benech ont été choisis pour réaménager le Bosquet du Théâtre d’Eau dans les jardins du château de Versailles en 2014.

Des fleurs en hiver, delacroix - Othoniel- Creten
Jean-Michel Othoniel
Herbier Merveilleux : Anémone, 2008
Aquarelle sur impression encadrée.
© Musée du Louvre / Martine Beck-Coppola
© Adagp, Paris 2012

Né en 1963, Johan Creten est un sculpteur belge dont les nombreuses créations en céramique et bronze interrogent les thèmes du corps féminin, de la sensualité et de l’élément naturel. Son travail est un dialogue entre l’art, l’histoire et la littérature. Creten dévoile au musée Eugène-Delacroix, un nouvel ensemble de sculptures en grès et bronze révélant la charge érotique des fleurs (notamment des bustes de femmes Odore di Femmina, Génie et des
oeuvres murales Wallflowers).

Des fleurs en hiver, delacroix - Othoniel- Creten
Johan Creten
Wallflowers IV, Fire-Works on a Dark Sky, 2012
Grès émaillé, lustres colorés et or.
© Guillaume Ziccarel

Vous aimez aussi