Chaque mois, un objet de Proantic nous livre ses secrets ! Un objet ou un meuble qui présente un intérêt par sa rareté, son usage, son mode de fabrication, son auteur, son contexte historique….
Gueridon par Gustav Siegel
Guéridon de style sécession en hêtre courbé teinté. Etiquette et estampille des frères Kohn sous le plateau. Autriche, design de Gustav Siegel, édité par Kohn,vers 1900.
– 1) La firme Jacob & Josef Kohn
Jacob Kohn fonde en 1849 l’entreprise, spécialisée au départ dans le bois de construction. En 1867, il s’associe avec son fils Josef Kohn et oriente l’entreprise vers le mobilier. L’expiration du brevet des Frères Thonet sur la technique du bois courbé leur permet d’offrir bientôt leur propre gamme de produits. Avec des succursales à Berlin, Paris, Londres et Hambourg, Kohn devient à partir de 1882 l’un des principaux fabricants de meubles en Autriche-Hongrie et s’inscrit comme l’un des principaux concurrents de l’entreprise Thonet.
En 1904, la firme possède un catalogue de 407 modèles de meubles et plus de 6 000 employés. le directeur artistique Gustave Siegel fit appel à de célèbres « designers », comme Josef Hoffmann, Koloman Moser et Adolf Loos qui ont élaboré pour eux de nombreuses pièces.
L’entreprise reçut de nombreux prix pour son travail. Fournisseur de la maison impériale d’Autriche, elle obtient un mandat royal espagnol en tant que fournisseurs de la maison royale..
En 1914, sous l’impulsion du banquier Leopold Pilzer et la Credit Anstalt, elle fusionne avec Mundus AG, devenant Kohn-Mundus, puis en 1922, Pilzer, actionnaire majoritaire, fusionne la structure avec Thonet, pour créer Kohn-Mundus-Thonet. En 1931, la Credit Anstalt fait faillite, Pilzer rachète alors toutes les parts que la banque possédait dans le Konzern. En 1936, avec l’arrivée des nazis au pouvoir, Pilzer déménage le siège en Suisse et consolide ses filiales aux États-Unis. En 1937, du fait de l’aryanisation, Pilzer doit vendre ses parts restantes à Thonet et s’exiler en Amérique et la marque Kohn disparaît.
Les œuvres de la maison Kohn peuvent être vues dans un certain nombre de musées aujourd’hui, notamment le Museum of Modern Art de New York, le Musée du design de Barcelone et le Musée des beaux-arts de Montréal.
– 2) Le style sécession
La Sécession viennoise est un courant qui s’est épanoui en Autriche, particulièrement à Vienne, de 1892 à 1906. Ce courant de l’Art nouveau à l’origine de l’art moderne, est moins végétal, plus épuré et géométrique qu’en France ou de Belgique.
La capitale autrichienne fut secouée par un formidable vent de modernité et de contestation. Une poignée de peintres, de designers et d’architectes dissidents, attentifs aux avant-gardes de l’art à l’étranger, s’associèrent pour conjuguer leurs talents et livrer batailles contre le conservatisme ambiant. Ils réussirent à faire de vienne un laboratoire de forme nouvelle.
A la veille du XXe s. apparaît partout en Europe le désir de créer un art de synthèse des différentes disciplines artistiques. L’érosion des frontières entre arts majeurs et arts mineurs et la notion d’art total, ou «Gesamtkunstwerk», furent initiées en Autriche par Joseph Hoffmann (1870-1956), architecte et directeur des ateliers viennois. Son style sobre et très épuré dans le mobilier et les arts du métal eut une influence considérable sur les jeunes générations de designers. Oskar Kokoschka (1886-1980), Egon Schiele(1890-1918), et Le Corbusier se sont formés dans ces fameux ateliers d’art et d’artisanat, inspirés par le mouvement «Arts and Crafts».
Les caractéristiques de la Sécession Viennoise sont :
- des formes organiques et la représentation de la végétation : les artistes voulaient représenter la Nature, la Vie.
-
des compositions florales stylisées.
-
une abondance de courbes.
-
une forte relation entre les textes (dans le domaine de la littérature) et l’image.
-
une absence de perspective et, avec elle, une absence de temps, due à la volonté de représenter le cycle perpétuel de la Vie.