Guéridon en acajou et placage d’acajou, plateau en marbre blanc incrusté d’échantillons de marbres, pierres dures, tesselles de verre antique autour d’une micro-mosaïque romaine
Rome, Italie, premier tiers du XIXème siècle
Probablement par Francesco Sibilio
Important guéridon composé de :
– plateau circulaire en marbre blanc de Carrare incrusté d’une bande de marbre « vert de mer » et de 84 échantillons de pierres dures, séparés par des rayonnages en marbre noir. Au centre une micro-mosaïque romaine représentant un cerf poursuivi par un chien, entourée de tesselles en pâte de verre bleu et jaune et de deux cercles en morceaux de verres : reticelli, murrina, millefiori » datant de la période hellénistique 1er siècle av. J. C – 1er ap. JC
– piétement en acajou sculpté à ceinture godronnée et au fût en corolle supporté par une base moulurée octogonale.
Parmi les échantillons :
Porphyre, agate, lapis-lazuli, malachite, jaspe, marbre portor, grand antique, brocatelle, granit, albâtre…
Certains échantillons provenant de carrières épuisées depuis l’antiquité, comme le cipolin, le porphyre rouge d’Egypte ou vert de Grèce et sont donc issues de fouilles.
Contexte historique
Notre guéridon par ses matériaux et sa technique de réalisation s’inscrit dans une série de meubles et objets produits dans la première moitié du XIXème siècle à Rome sous l’effet d’un engouement pour l’Antiquité et les objets de fouilles. Les plateaux de marqueterie ou d’échantillons de marbre sont devenus une spécialité des ateliers romains, d’une part grâce à l’arrivage en continue des marbres antiques des fouilles et de l’autre part grâce aux voyageurs fortunés et érudits visitant Rome dans le cadre du Grand Tour.
Plusieurs artisans Romains se spécialisent dans la fabrication d’objets en marbre et plus particulièrement les plateaux de tables/guéridons incrustés d’échantillons ou de marqueterie de marbres, de pierres dures ou de micro-mosaïque.
Parmi ses artisans Francesco Sibilio se spécialise dans la marqueterie de verres antiques, la technique présente sur notre plateau. Il est également le premier artisan à combiner sur ses plateaux les tesselles de verres antiques avec des échantillons de marbre.
Francesco SIBILIO
Francesco Sibilio était à la fois artisan marbrier mais aussi antiquaire et marchand de marbres et de pâte de verre antique. On suppose qu’il a été formé au sein du très renommé Studio del mosaico dell Reverenda Fabbricca di San Pietro créé vers 1756 sous protection papale. L’activité de micro-mosaïque sera introduite dans l’atelier en 1795 après sa redécouverte quelques 25 années plus tôt.
Le succès des objets en micro-mosaïque a été immédiat. Bijoux, boites de toutes sortes et petits tableaux connurent un engouement fulgurant. Les succès représentés sont fréquemment issus de l’Antiquité et représentent des capricci, des ruines romaines, le Colisée, le temple de Vesta, le Panthéon, …
A début du XIXe siècle, Sibilio a contribué au développement de ce goût pour la collection des échantillons de marbre et des incrustations de pierres dures ou semi-précieuses sur des objets ou du mobilier.
La première moitié du XIXe siècle correspond à l’âge d’or de l’étude et de la collection des échantillons de marbre. De nombreuses collections sont formées à cette époque et Sibilio est régulièrement cité comme fournisseur (par exemple dans le catalogue de vente de la collection Francesco Belli au comte Stefano Karoly en 1842).
Une technique novatrice
Francesco Sibilio ne s’est pas intéressé qu’aux marbres mais aussi aux antiquités au sens large. Il sera le premier à combiner micro-mosaïques, marbres, pierres semi-précieuses et tesselles de verre antique comme c’est le cas pour notre spectaculaire plateau. Il collectait les morceaux de verres antiques et les repolissait afin d’exploiter la richesse de leurs couleurs.
Son talent lui permettait de donner au verre un aspect ou une profondeur qui s’apparente à celle de l’agate. Ces fragments sont datables pour la plupart du 1er siècle avant J.C au 1er siècle après J.C. Certains proviennent des plaques de verre ou d’incrustations, destinées à l’origine à imiter le marbre ou les pierres semi-précieuses, comme porphyre ou les agates. D’autres fragments viennent des vases ou de la vaisselle en verre. Ces pièces généralement convexes ont été chauffées et aplatis sous presse avant leur remploi.
Un examen approfondi révèle que les morceaux de verres sont maintenus avec du métal qui possède la particularité de refléter la lumière et donner un effet irisé au verre. Sibilio a su, mieux que tout autre, porter cette technique à son apogée.
En outre, le plateau de marbre blanc épais est creusé pour recevoir les différents matériaux ce qui en accentue la profondeur.