Le Musée des Arts Décoratifs a préempté à un habit, daté vers 1780, taillé dans un velours de soie bleu roi et doté, pour seule ornementation, de dix-sept boutons (sur dix-huit) à rébus galants. Elégant par sa coupe rigoureuse et sa sobriété, l’habit provient probablement de la garde-robe de François-Louis de Monistrol (1761-1821), d’abord caissier et secrétaire de la Compagnie des Indes à Lorient, lorsque son père y était le contrôleur des ventes, puis directeur de la Compagnie en 1792 et maire de Lorient de 1809 à 1821.
Ce qui fait la rareté de cette pièce, ce sont les dix-sept boutons, tous différents et provenant d’un même ensemble. Chaque bouton, peint sur ivoire sous un verre légèrement bombé, cerclé de cuivre, illustre un rébus galant, révélateur du libertinage si cher au XVIIIe siècle.
Une fois les énigmes résolues, nous pouvons y lire : «Elle aime», «En elle, tout plaît», «Rose a su me plaire», «J’ai eu son cœur tout neuf», «Elle aime sans cesser», «Elle a pris mon cœur», «Elle illumine tout par sa beauté», «Elle a cédé à mon amour», «J’ai cassé son sabot», «Elle enchaîne les cœurs», «Elle m’a rendu son vainqueur», «Son cœur n’est plus à elle», «Déesse de mes pensées», «Ses yeux sont les flèches de l’amour», «Elle est l’amie de mon cœur» et «Elle aime sans détour». Seul un rébus reste à déchiffrer.
Il est rarissime de trouver un vêtement du XVIIIe siècle encore pourvu de la quasi-totalité de ses boutons aussi précieux. Cette pièce exceptionnelle est venue rejoindre les collections nationales de mode et de textiles au Musée des Arts Décoratifs et notamment l’ensemble remarquable de 3 500 boutons du XVIIIe au XXe siècle que le musée avait acquis en 2012.
107-111, rue de Rivoli
75001 Paris