En 2013, le musée des impressionnismes Giverny a organisé une importante exposition consacrée à l’art de Hiramatsu Reiji. Ce fut une découverte pour de nombreux visiteurs. Depuis lors, l’intérêt du public français pour son œuvre ne s’est jamais démenti. L’art de Hiramatsu est singulier, étranger, à la fois proche et lointain. Sans doute parce que de nombreux Français ne se sont jamais rendus au Japon (ni Monet d’ailleurs) mais en rêvent ; et aussi parce que les peintures et dessins d’Hiramatsu semblent familiers et rappellent ce que le public aime à Giverny : l’impressionnisme et Claude Monet (1840- 1926). En 1994, Hiramatsu découvre les Grandes Décorations de l’Orangerie à Paris : c’est une révélation pour l’artiste qui n’en connaissait alors que des reproductions.
Maître de la technique du nihonga (peinture japonaise), Hiramatsu appliquera ensuite une tradition millénaire pour retranscrire un sujet impressionniste : Giverny, le bassin aux nymphéas mais aussi la côte normande.
Je rêve sans cesse de Giverny, aime à dire Hiramatsu. Cette obsession est le plus beau des hommages à ce petit village normand qui se définit maintenant comme la patrie de Monet.
Évoquer l’art de Hiramatsu Reiji revient à tenter de définir une goutte d’eau dans un étang : l’impossibilité de percer la beauté propre de chaque œuvre. Fasciné par l’étang de la maison de Claude Monet, il évoque ses reflets dans des gammes colorées, au fil des saisons. Mais il s’intéresse également aux éclats de couleurs chatoyantes sur les peupliers, les saules pleureurs, les nénuphars …
Le format du paravent lui permet de déployer son coup d’œil sur de grandes surfaces comme les Nymphéas de l’Orangerie. Il prend des procédés propres à Monet qui l’inspire pour ses propres créations : l’absence de perspective, le goût de la simplification des formes, le détail des végétaux, et une certaine frontalité.
Suite à l’exposition qui lui fut consacrée, le musée des impressionnismes acquit un ensemble de peintures et de dessins d’Hiramatsu, fonds complété par des dessins, des carnets et son matériel de création : au total, 74 oeuvres sont conservées, dont 10 paravents ou paires de paravents, 22 panneaux, 1 estampe, 2 carnets de dessins, 25 dessins indépendants.
C’est bien l’univers original de l’artiste qui séduit. Sa grande force expressive et son goût pour les couleurs saturées s’allie à une inspiration puisée au cœur de la tradition japonaise. Entre l’estampe ukiyo-e, le paravent et le tondo, l’éventail des propositions d’Hiramatsu dévoile un talent à part. Sa quête inlassable de beauté se conjugue à un appel à la sérénité face à la Nature, soit la plus belle leçon prise chez Claude Monet.
L’exposition Symphonie des Nymphéas, présentée à l’été 2024, met à l’honneur 14 paravents inédits récemment acquis par le musée des impressionnismes Giverny, et portant sur le thème du cycle des saisons, autour du bassin aux nymphéas.
Jusqu’au 3 novembre, tous les jours, de 10 heures à 18 heures au musée des impressionnismes à Giverny