On connait Jean-Baptiste Pillement, artiste lyonnais (1728-1808) pour ses peintures magnifiques et délicates de paysages accidentés préromantiques, prisées en Angleterre au XVIIIème, et surtout pour ses gravures et ses dessins d’ornementation « dans le goût des chinoiseries », ce peintre fut l’un des plus prolifiques et des plus brillants ornemanistes du XVIIIème siècle en propageant le style Rococo. Ses dessins ont été repris et imités partout en Europe et sont encore parfois utilisés aujourd’hui.
II est issu d’une dynastie de peintres d’origine Lorraine dont une branche s’installe à Lyon dans le dernier quart du XVIIe siècle. Paul Pillement, son père, est un habille ornemaniste, comme son oncle, Philippe Pillement, localisé en 1719 à Saint-Petersbourg où il exécute des décors peints d’arabesques dans le goût Watteau et dirige l’atelier de dessin de la Manufacture de tapisserie.
Élève du peintre d’histoire Daniel Sarrabat, son succès commence très jeune. Après un court passage aux Gobelins pour apprendre à dessiner des cartons de tapisserie. Il commence alors une vie d’ornemaniste itinérant, il travaille en Espagne, puis au Portugal où il supervise la série des Chinoiseries et des Singeries réalisées pour la Quinta de Alegria, près de Cintra ou au château de Queluz.
Il poursuit sa carrière dans le reste de l’Europe. Il obtient le titre de peintre du roi de Pologne Stanislas Auguste.Il réalisa pour ce dernier le décor du salon de sa résidence d’été dont 4 panneaux sont aujourd’hui conservés au petit Palais à Paris.
Il travaille également à Vienne pour le prince du Lichtenstein puis vécut une dizaine d’années à Londresde 1754 à 1762, ou il publiera son premier recueil de dessins d’inspiration chinoise. A Paris, Il exposait au Salon de 1776. , il réalise en 1778 trois tableaux décoratifs pour le petit Trianon de Marie Antoinette ce qui lui vaut d’être nommé peintre de la reine en 1779.
Il a travaillé pour les souverains de l’Ancien Régime, dans de petits cercles d’artistes durant la Révolution française, et avec le déclin de la mode du rococo à la fin du XVIIIe siècle, il repartit ensuite pour Lyon travaillant pour un Manufacture de Soie et donnant des leçons de peinture avant sa mort.
Jean-Baptiste Pillement dessine dès 1743 des arabesques et des chinoiseries. On retrouve dans ses dessins un mélange harmonieux d’oiseaux fantastiques avec de la flore et de la faune, des personnages exotiques ou encore des chinoiseries tels que les pagodes, les cascades, les dragons… les scènes dessinées par Pillement sont encadrées par des éléments de décor, formant des îlots, comme si elles intégraient un encadrement de boiseries, les îlots s’assemblant pour former une résille. Ses estampes de chinoiseries furent parmi les principaux modèles des toiles imprimées à partir de 1759 par Oberkampf dans sa manufacture de Jouy-en-Josas.
L’originalité de l’artiste est d’avoir su propager le style français dans toute l’Europe, avec une logique commercial moderne, en multipliant en particuliers les nombreux recueils de gravures d’après son œuvre. Les dessins de fleurs et chinoiseries qu’il a inventés, et pour certains gravés lui-même, « révolutionnent » les ateliers d’art décoratifs européens.
Maintes fois réédités, les modèles de Pillement, notamment ceux des séries Jeux d’enfants chinois et Livre de chinois, sont devenus de grands classiques. Ils furent utilisés comme source d’inspiration pour les textiles; ses estampes de chinoiseries furent parmi les principaux modèles des toiles imprimées à partir de 1759 par Oberkampf dans sa manufacture de Jouy-en-Josas, mais aussi pour les papier peints, ainsi qu’en céramique, où ils le furent avec une telle fréquence qu’ils sont devenus un genre, les motifs « à la Pillement ».
Abbaye Saint-Hilaire
Entre 1767 et 1780, lors de son séjour en France après son retour de Pologne, Jean Pillement publia de nouvelles séries de chinoiseries. Lors de cette deuxième période, son style devient plus aérien, ses modèles prennent un mouvement ascendant, perdent le contact avec le sol et s’élancent vers les hauteurs en empruntant de légères passerelles et des escaliers d’arabesques. S’y dessine un monde enchanté peuplé d’animaux fantastiques et de personnages malicieux jouant les équilibristes sur des architectures légères.