L’expression céramique impressionniste s’applique généralement à la « peinture à la barbotine mise au point par Ernest Chaplet à la manufacture Laurin de Bourg-la-Reine. Grâce à cette innovation, de l’argile liquide colorée appliquée sur la terre cuite au pinceau, le peintre peut, comme sur une toile, diviser sa touche en empâtements colorés. Il dispose ainsi d’une grande liberté d’exécution pour capter le mouvement fugitif, suggérer les effets atmosphériques, traduire les effets de la lumière sur les couleurs et les formes.
Réalisées dans le dernier tiers du XIXe siècle par des peintres côtoyant les milieux impressionnistes, certaines de ces pièces offrent une saisissante transposition de la technique picturale impressionniste sur céramique.
Les poteries ou faïences décorées à la « barbotine » ont été produites par de nombreuses manufactures et ateliers artisanaux : l’Atelier d’Auteuil, la Faïencerie de Lunéville Saint Clément Keller & Guérin, Marlotte, Montigny-sur-Loing, Gien, Longwy, Sarreguemines, Vallauris, etc.
De nombreux artistes de la fin du xixème siècle et du début du xxème ont participé à cette aventure plastique : Barnoin, les peintres Eugène et Ernest Carrière, Clairin, Emile Gallé, Kilbert, Kuijtenbrouwer, Landry, Léon Parvillé, Alfred Renaudin, Charles Rudhart, Quost, Carl Schuller, le sculpteur Paul Aubé, etc.
Au tournant des xixème siècle et XXème siècles, les villages de Montigny-sur-Loing et de Marlotte sont les lieux de séjour de nombreux peintres comme Jean-Baptiste Corot, Eugène Thirion (1839-1910), Adrien Schulz (1851-1931), Numa Gillet (1868-1940) et Lucien Cahen-Michel (1888-1980), tous attirés par la qualité des paysages et de la lumière.
Lorsque Eugène Schopin fonde en 1872 une fabrique de céramique, il collabore avec ces peintres pour créer une gamme de modèles inspirés de l’impressionnisme et décorés suivant les nouvelles exigences du public.
Plusieurs fabriques de céramiques se développeront autour de ce courant impressionniste. Les plus renommées, comme celle de Georges Delvaux (1834-1909), d’Albert Boué (1862-1918) et Charles Alphonse Petit (1862-1927), produiront jusqu’en 1922. D’autres manufactures, comme celle de Théodore Lefront à Fontainebleau, collaboreront avec les artistes et céramistes de Montigny.
Simultanément, l’atelier parisien d’Auteuil, laboratoire expérimental de la manufacture Haviland de Limoges, dirigé par le graveur Félix Bracquemond, produit, de 1872 à 1881, des faïences décorées à la barbotine par des peintres issus des cercles impressionnistes.
Vers 1878, la manufacture d’Huard de Longwy confie au céramiste Charles Rudhard le soin de diriger son atelier d’art dont le peintre majeur est Kilbert, Eugène Carrière alors au faîte de sa gloire y réalise aussi des portraits de grande qualité. On y exécute également des grandes compositions murales et quelques rares barbotines sur porcelaine tendre.
Les décors sont des thèmes floraux récurrents, anémones, pavots ou roses trémières, posés en une touche épaisse et libre inspirée de l’impressionnisme. Le paysage et les évocations florales sont les sujets principaux généralement interprétés dans un style naturaliste avec une touche impressionniste. le décor se déploient sur toute la surface des pièces qui arborent des formes nouvelles, parfois extravagantes, s’inspirant des céramiques de l’Extrême-Orient.