Auteur: Vanessa Alayrac‐Fielding
Edition: PU de Paris Sorbonne
À l’époque où les différentes compagnies des Indes européennes intensifient leurs échanges commerciaux avec la Chine, l’Angleterre, plus que toute autre nation, s’enchinoise matériellement autant qu’artistiquement. Les chinoiseries décorent les intérieurs et ponctuent les jardins anglais, tandis que l’exotisme du thé et des porcelaines chinoises est apprivoisé, domestiqué et anglicisé, pour s’intégrer à de nouvelles formes de sociabilité et d’échanges. Les mœurs, la civilisation et l’art chinois suscitent une curiosité et une fascination immodérées: le goût chinois s’implante ainsi dans l’Angleterre du XVIIIe siècle.
La Chine dans l’imaginaire anglais des Lumières cherche à retracer l’histoire du goût chinois en Angleterre, et à comprendre l’élan de sinophilie propre à cette période, tout en révélant également la montée d’une sinophobie motivée par des enjeux politiques et économiques. L’Angleterre, traversée par un art de vivre et de nouvelles pratiques de sociabilité attachés au raffinement, à l’élégance et à la délicatesse, embrasse la Chine dans son art, son esthétique et sa matérialité afin de mieux accompagner ses propres transformations culturelles et construire son identité nationale.
L’ouvrage met ainsi en lumière le rôle de la Chine comme source d’inspiration, modèle ou contre-modèle, dans la définition évolutive de l’idée d’anglicité, et cartographie les contours de cette Chine rêvée, fantasmée, recréée et refaçonnée par les Anglais à l’aune des climats de sensibilité de l’époque.