La dinanderie: histoire et techniques

C’est dans la vallée de la Meuse, et en particulier à Dinant en Belgique , qui lui donna son nom au xiv ème siècle, que la « dinanderie » s’enracina. Les dinandiers au moyen-âge étaient essentiellement des « batteurs de cuivre et de laiton ».

Ils travaillaient le métal qu’ils recevaient de l’Allemagne rhénane grâce à leur affiliation à la Hanse teutonique ; par le port de Bruges ils gagnaient l’Angleterre où ils avaient, sur les bords de la Tamise, un important entrepôt qui leur assurait de vastes débouchés et ils participaient, en France, aux grandes foires du Lendit et de Champagne.

Vase en dinanderie de Luc Lanel pour Christofle . (c) Galerie Atena, Proantic.
Vase en dinanderie de Luc Lanel pour Christofle .
(c) Galerie Atena, Proantic.

Aujourd’hui ce mot désigne l’art de battre le métal, essentiellement le cuivre mais aussi l’étain, le maillechort, le laiton, l’argent et de lui donner forme au marteau. Le métier de dinandier est la forme noble, voire artistique, du métier de chaudronnier.

La dinanderie fait intervenir deux notions : la technique de fabrication (le montage au marteau) et les matériaux employés. Jusqu’au IX ème siècle, le travail du cuivre répondait essentiellement à des besoins utilitaires ; il fallait fabriquer des chaudrons et des ustensiles de cuisine. À partir du X ème siècle, il s’étend à la production d’œuvres d’art, surtout d’art religieux.

En 1466, la ville de Dinant, écrasée par Charles le Téméraire, perd sa prééminence au bénéfice de l’Allemagne et des Flandres. C’est dès lors le déclin pour l’industrie du laiton jusqu’à la fin du XVIII ème siècle.

Au XIX ème siècle, le nouvel intérêt pour le Moyen Âge et ses techniques remet à l’honneur le métal martelé.

Coupe Dinanderie . (c) La Maison Bananas
Coupe Dinanderie .
(c) La Maison Bananas

Description

La dinanderie est la technique du dinandier. Elle consiste à mettre en forme les métaux en feuille et à la refermer sur elle-même en la battant au marteau pour former un vase, un plat, une verseuse.

Les différentes techniques nécessaires à la réalisation d’une pièce sont :

  • Le traçage et la découpe d’un flan,
  • la mise en forme proprement dite par des techniques de roulage, de cintrage, de pliage, d’emboutissage et de rétreinte, etc.
  • L’assemblage par agrafage, soudage ou brasage, et bordage,
  • le prè planage (au maillet tonneau), le planage (marteau postillon et battes à planer) et l’utilisation de poinçon pour le marquage et le façonnage des motifs en relief par la technique du repoussé et les divers traitements de surface pour la finition et le rendu final de la pièce.
 Plateau art déco en dinanderie de cuivre rouge et maillechort de Christofle. (c) A Coté Antiquités, Proantic.
Plateau art déco en dinanderie de cuivre rouge et maillechort de Christofle.
(c) A Coté Antiquités, Proantic.

Selon le matériau employé, les opérations de mise en forme peuvent être précédées ou entre-coupées de traitements thermiques spécifiques ayant pour but de restaurer l’aptitude du matériau à la déformation c’est-à-dire de supprimer l’écrouissage provoqué pendant le travail du matériau. Il peut par exemple s’agir d’un recuit pour un acier doux ou d’une trempe pour un duralumin ou encore de chauffes successives suivies de refroidissements étagés (trempe suivie d’un revenu par exemple) selon les exigences du matériau travaillé.

Coupe en métal argenté Martelé, Dinanderie Maison Cardeilhac, XXè. (c) Luc de Laval , Proantic.
Coupe en métal argenté Martelé, Dinanderie Maison Cardeilhac, XXè.
(c) Luc de Laval , Proantic.

Les techniques de mise en forme

  • Le roulage consiste à former les parties cylindriques ou coniques. Les outils employés sont les barres de tôlier mais aussi les rouleuses mécaniques (type planeur, pyramidale, …etc)
  • Le cintrage consiste à former les parties de type couronne, de forme comparable à celle d’un sabre. Le cintrage est ce qui est obtenu lorsqu’une partie de tôle ou un profilé sont formés dans l’axe du moment d’inertie le plus élevé. Dans le cas d’un tube (moment d’inertie identique quel que soit l’axe de formage) on emploie toujours le mot cintrage. Les outils employés sont les machines à cintrer, des presses et aussi le marteau et les formes associées (jamais de rouleuse).
  • Le pliage consiste à effectuer un pli selon le rayon le plus petit possible sans endommager le matériau. Les outils employés sont les plieuses, les presses plieuses mais aussi les pinces et le marteau associé à des artifices tels que les mâchoires vis-écrous, les étaux munis de cornières de protection…
  • L’emboutissage consiste à former les parties non développables comme des cols de cygne (bec de théière par exemple) ou encore des formes sphériques, toriques ou quelconques (vases, coupes). Les outils employés sont le maillet à emboutir, le marteau à boule, les différent tas (plomb, salières, etc.) ainsi que les machines d’emboutissage mécaniques ou hydrauliques. Il existe aussi le formage au tour à repousser, ce mode de fabrication n’est pas considéré comme une technique noble par les dinandiers. Il existe aussi le formage au tour à repousser, ce mode de fabrication n’est pas considéré comme une technique noble par les dinandiers.
  • La rétreinte permet de lever un bord (par exemple le bord d’une tourtière). Les principaux outils sont le marteau à rétreindre ainsi que les presses.
  • Le bordage consiste à sécuriser le bord d’une pièce en escamotant les arêtes tranchantes. Les outils employés sont les marteaux à rétreindre et à rentrer ainsi que les machines à border. L’agrafage, qui est un moyen d’assemblage, utilise pratiquement la même technique et les mêmes outils.
  •  Le pré-planage se fait au maillet tonneau voire au marteau. Il permet d’éliminer les grosses irrégularités (creux ou bosses) de la mise en forme. Le coup est portant. La pièce est prise entre le maillet et le tas, on entend la résonance de la masse métallique (tas).
  • Le planage se fait au marteau postillon ou à la batte à planer (faces planes ou bombées). Il termine la mise en forme et redonne une dureté (écrouissage)) à la pièce. Le coup est portant. La pièce est prise, comme dans le prè-planage, entre le marteau et le tas, on doit également entendre la résonance de la masse métallique support (tas). L’aspect final sera lisse ou facetté suivant le choix de l’outil.

Cette méthode de travail permet d’obtenir des pièces de toutes formes et dimensions au poids relativement réduit puisqu’elles sont creuses et que la feuille de métal employée ne dépasse pas 1,5 mm d’épaisseur. Cette technique était, à la base, utilisée pour la création de récipients divers tels que chaudrons, bassines, pichets, assiettes, théières, aiguières réalisés dans des matériaux différents selon les castes sociales.

Aujourd’hui, elle apparaît aussi dans le domaine décoratif où elle permet la réalisation de fontaines, baignoires, vasques, miroirs, luminaires et petits objets divers…

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