Raconter l’histoire de la sculpture à Sèvres, de la création de la Manufacture par la volonté de Louis XV et de Madame de Pompadour jusqu’à la période révolutionnaire, permet de dévoiler tour à tour l’excellence du goût des élites de l’Ancien Régime pour la perfection des objets d’art et l’explosion d’une thématique nourrie par le siècle des Lumières.
La sculpture à Sèvres relève d’un processus minutieux partant d’un modèle en terre pour aboutir au biscuit de porcelaine. Le biscuit de porcelaine, inventé par la Manufacture vers 1751, a connu immédiatement un immense succès. La surface de la porcelaine soigneusement polie, non émaillée, en révélant la blancheur de la pâte et la finesse des détails, permet de rivaliser avec le marbre et autorise des comparaisons fécondes avec la statuaire.
Les artistes de la Manufacture ont su créer et diffuser des sujets remplis de charme, de délicatesse et de vie sur les thèmes de l’enfance, de la fable et de l’allégorie, de la littérature et de la vie quotidienne tout en innovant dans le domaine du portrait et de l’iconographie politique. Les biscuits exécutés sous la direction des sculpteurs du roi (Falconet, Pajou, Boizot), parfois inspirés par des compositions de Boucher ou de Coypel, ont délecté les amateurs du temps les plus exigeants.
L’exposition organisée par Sèvres présente plus de 80 terres cuites et 120 biscuits de porcelaine, mais aussi des dessins, des estampes, ainsi que des modèles et des moules en plâtre originaux. Ceux-ci n’ont jamais quitté la Manufacture de Sèvres sans avoir jamais pour autant été montrés au public. Cette richesse exceptionnelle des collections patrimoniales complétée par des prêts extérieurs, permet de retracer au mieux cette apothéose du goût et de l’excellence artistique que fut la création au XVIIIe siècle des biscuits de Sèvres.
Cet événement très ambitieux a été rendu possible grâce à la restauration, financée par la Fondation BNP Paribas, des modèles originaux en terre cuite du XVIIIe siècle, étape initiale à la production des sculptures en porcelaine. Ces fragiles et inestimables trésors avaient subi les outrages du temps et les bombardements de la seconde guerre mondiale. En attendant leur restauration, ils furent mis à l’abri des regards. Aujourd’hui, ces délicates sculptures évoquent avec splendeur la maîtrise de leurs créateurs et dévoilent leur qualité de chefs-d’œuvre du patrimoine national.
L’expressivité de la matière sur laquelle on distingue parfois l’émouvante empreinte du doigt qui l’a modelée, fait de ces œuvres d’art, des pièces uniques.
Après une introduction historique et technique, le parcours de l’exposition se décompose en dix sections. Elles abordent les thèmes suivants : le goût pour l’enfance, les animaux, la fable et l’allégorie, le surtout de table, la vie contemporaine, les sujets littéraires, les œuvres religieuses, les portraits, les statuettes des grands hommes et enfin la décennie révolutionnaire. Cette dernière partie de l’exposition est particulièrement originale et réserve des surprises, l’activité de Sèvres pendant l’époque révolutionnaire étant largement méconnue.
Cet art du XVIIIe siècle est fascinant et parfois déroutant pour le visiteur du XXI e siècle. Il évoque un monde révolu dont les codes échappent aux non initiés. On est touché par la sensualité exprimée par le biscuit de porcelaine ; on ne peut qu’admirer la virtuosité de leur exécution.
Au XVIIIe siècle la Manufacture avait pour mission de concurrencer la production de porcelaine venant de Chine, puis celle de sa grand rivale saxonne, la Manufacture de Meissen. Elle ne se contenta pas de les imiter. Elle confia la conception et l’exécution de ses créations aux plus grands artistes, une démarche qui est toujours la sienne aujourd’hui. Désormais on y fabrique toujours de précieux biscuits, certains appartiennent au répertoire de Sèvres, d’autres le revisitent ou innovent. Les porcelaines de Sèvres sont admirées et collectionnées dans le monde entier.
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Jusqu’au 18 janvier 2016
http://www.sevresciteceramique.fr/