On désigne par le terme « micro-mosaïque » une mosaïque dont les minuscules éléments de verre filé, de fragments d’émail coloré (smalti filati) ou de pierres dures, constituant son décor, sont très finement assemblés de manière à rendre les joints presque imperceptibles.
Il existe deux types de pièces : les micro mosaïques classiques montées par assemblage de minuscules plaquettes taillées dans des baguettes de verre, smalti filati, et les Pietra dura qui sont des marqueteries de pierres dures et qui sont florentines. Un assemblage composé de formes régulières est typique de Rome, alors qu’à Venise on utilise une grande variété de forme pour la création des mosaïques. La technique romaine veut que les pièces après l’assemblage et le collage soient cirées et polies contrairement aux pièces vénitiennes.
Les tesselles miniatures sont obtenues au terme d’un processus complexe : fusion du verre, amalgamation de la pâte et transformation de l’amalgame en fils et en « baguettes ». Les baguettes sont ensuite découpées pour obtenir les tesselles.
Pour les fixer sur le support encollé, le mosaïste doit utiliser des pincettes. Beaucoup de ces éléments découpés dans des baguettes de verre filé ont une section inférieure à 0,1 cm (0,3 cm dans les filets de bordure)… À peine plus épais qu’un cheveu, ces smalti filati peuvent être plus de 800 au cm2 ! Plus leur nombre sera important, plus l’objet sera de qualité. C’est un véritable travail d’orfèvre, où s’illustrent de grands maîtres tels Giacomo Raffaelli dès la fin du XVIIIe siècle.
La micro mosaïque n’est pas utilisée uniquement sur la bijouterie (broches, boutons, boucles d’oreilles, colliers). Les objets sur lesquels se trouvent ces chefs-d’œuvre de miniaturisation sont très variés. Elle orne aussi les couvercles et les parois des bonbonnières, des tabatières et des coffrets, des boîtiers de montre, des vases, des pendules mais aussi sur le plateau supérieur de tables.
Leurs thèmes de prédilection sont : les animaux, les bouquets de fleurs, les saynètes populaires, les paysages de Toscane et d’Italie en général, les ruines antiques, les grands monuments de Rome et du Vatican, les portraits de personnalités célèbres, les œuvres des grands peintres italiens et étrangers…
L’utilisation de cette technique d’une extraordinaire virtuosité à une vaste échelle est à l’origine de la fondation en 1727 du Studio Vaticano del Mosaico qui est encore en activité aujourd’hui.
La micro-mosaïque connait son âge d’or de la fin du XVIIIe et au début du XIXe. siècle. La première exposition de cet art en réduction, a été organisée dans les ateliers de Giacomo Raffaelli (1753-1836) à Rome en 1775. À cette époque du Grand Tour, l’aristocratie européenne visitait les villes italiennes et particulièrement Rome. elle contribua à la naissance de ces ateliers où ces souvenirs de voyage en micro-mosaïque étaient réalisés. En 1820, on comptera à Rome plus de 20 ateliers.
Sous le premier Empire , La diffusion de la « mosaici filati » fut grande, en Italie d’abord, puis dans toute l’Europe occidentale comme à Saint-Pétersbourg (Raffaelli devint conseiller du Tsar de Russie) ou même à Istanbul, dans le Palais Dolmabahce, vers 1853-56″. L’aristocratie civile et religieuse, les monarques, les visiteurs, sont éblouis par la micro-mosaïque. Ils en font la réputation dans toute l’Europe. Son succès est considérable. A cette époque, la photographie n’existe pas encore et ces objets permettent de véhiculer en Europe les paysages italiens.