Située au sein du Petit Appartement de la Reine, la pièce des bains de Marie-Antoinette a été aménagée et décorée en 1788 de boiseries réalisées par les frères Joseph et Mathurin Brousseau, sculpteurs d’après des dessins de l’architecte Richard Mique.
Richard Mique, premier architecte du roi Louis XVI, avaient notamment construits de 1783 à 1787 tous les bâtiments du Hameau de la reine dans les jardins du château de Versailles.
Démontée en 1833, lors de la création de la galerie historique de Versailles par Louis Philippe, les boiseries originales de la pièce de bains furent remises en place dans le cadre de la loi programme 1978-1982 avec restitution du dallage de marbre.
Les travaux sont engagés dans cette vaste pièce après l’emménagement de la Reine en 1784, mais l’essentiel du programme est entrepris en 1788, lors d’un renouvellement complet de l’ameublement du Petit Appartement.
En 1788, les frères rousseau réalisent un nouveau décor à panneaux
sculptés d’arabesques d’après les dessins de l’architecte Richard Mique. Le décor, peint en blanc, se détache sur un fond gris-bleu.
Les panneaux offrent pour motif supérieur un trophée d’instruments de toilette avec miroir et coffret contenant des objets de toilette, et pour motif inférieur deux cygnes buvant à une vasque, motif néo-classique par excellence qu’accompagnent des rinceaux agrémentés de coquillages. Sur les côtés, ponctuant des roseaux et des chapelets de perles, des coquillages, un dauphin sur une coquille que surmonte une conque d’où partent deux branches de corail comme motif médian, le tout dans une clarté et un équilibre.
Les parcloses offrent la même originalité dans les motifs avec dauphins, coquille et roseau, fontaine, et, au bas, une coquille et un crustacé. On est ,
une fois de plus, séduit par la finesse et la légèreté du décor : l’œil ne se perd pas. La grande variété des motifs, le pittoresque des sujets aquatiques, l’élégance du motif aux cygnes composent une page extraordinaire des arts décoratifs.
Dès le mois d’avril 1788, le sol est pavé de carreaux de marbre blanc et noir. En juillet, les canalisations sont posées ; « une paire de cols-de-cygne garnis de souches et de rosettes » alimente les bains en eau chaude et froide.
Afin d’éclairer le cabinet de chaise, situé à l’arrière de la pièce, une glace blanche est livrée, en même temps que les douze vitres destinées aux deux fenêtres. C’est là que se trouve également le poêle qui chauffe la salle. Enfin, le règlement de la dorure des « tours de glace des Bains de la Reine »
intervient au mois de novembre. La pièce des bains est ainsi terminée, à l’automne 1788.
En juin 1789, pendant le voyage de Marly, la pièce est réhaussée au niveau de la cour de Marbre, au détriment de l’entresol. Les boiseries et les croisées sont replacées. Marie-Antoinette ne verra jamais l’achèvement de ce travail, toujours en cours d’exécution au mois de janvier 1790.
Suite à la disparition des archives du Garde-Meuble privé de la reine à la révolution, il est difficile de connaître avec certitude le mobilier livré pour cette pièce. Toutefois, dès 1787, une commande d’un lit « en chaire à prêcher », des bergères, deux chaises, deux tabourets et un fauteuil
de toilette couvert de maroquin vert au menuisier Georges Jacob est probablement destinée à cette pièce.
On suppose qu’un tapis à fond lilas couvrait partiellement le sol et que la baignoire était garnie de mousseline festonnée, avec des galons et des volants, sommée d’une impériale en toile
blanche des Flandres. Les rideaux des fenêtres étaient vraisemblablement de basin avec deux rangs de volants et de galons, une grande draperie, une grande et des petites pentes.
Si les boiseries de la chambre n’ont pu être identifiées à ce jour, celles de la pièce des bains furent remontées au XIXe siècle au Grand Trianon. Par ailleurs, les dessus-de-porte, soustraits à l’ensemble, avaient été offerts au musée des Arts décoratifs par l’antiquaire Émile Peyre en 1906. Le musée des Arts décoratifs en a tout naturellement consenti le dépôt lorsque la pièce a été reconstituée.
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