La porcelaine d’Imari correspond à un style de céramique développé et exporté par le Japon au XVIIIème siècle via le port d’Imari dans le domaine de Saga . La production de porcelaine, au Japon , a débuté dans la région d’Arita cité de potiers de l’île de Kyushu en 1616 . Selon la tradition, un Coréen du nom de Ri Sampei, installé de gré ou de force dans la région, comprit l’intérêt d’exploiter un gisement de Kaolin, situé à proximité, au pied de la colline de l’Izumiyama’. Sa maîtrise des fours à haute température lui aura permis d’aller jusqu’à la fusion du Kaolin , vers 1 400 °C, pour obtenir de la porcelaine semblable à celle des Chinois. Cela provoqua la fin d’un monopole qui était vieux de plus de sept siècles.
Jusqu’en 1757 , elle fut exportée en abondance vers l’Europe, principalement par les Hollandais, avec leur Compagnie Orientale des Provinces-Unies , la V.O.C. . En pesant sur l’orientation des décors, ils contribuèrent, plus ou moins directement, à l’émergence d’un style destiné principalement à satisfaire en Europe, une clientèle aristocratique plus friande de magnificence que de représentations symboliques. Ainsi, ces décors « européanisés » resteront néanmoins très inspirés des grandes traditions de la spiritualité asiatique, d’où l’intérêt de cette porcelaine de commande.
En 1641, la V.O.C. est tenue, pour des mobiles politiques, de transférer plus au sud ses installations d’Imari et d’Hirado en aval, sur l’îlot de Deshima . Pendant deux siècles s’effectueront ici les seuls échanges entre le Japon et l’Occident .
Le style Imari
Le style Imari se reconnaît à ses trois couleurs dominantes : le bleu de cobalt, le rouge de fer tirant sur le safran et le fond blanc de la porcelaine (ces couleurs ne sont pas exclusives) ; le tout est rehaussé par de l’or. Le registre iconographique , très floral, intègre des éléments issus du règne animal et du monde minéral. L’effet brocart (de tissu) souvent obtenu, à la fois par les motifs, par le jeu des couleurs et par la composition, ne pouvait que flatter les cours européennes avides de trompe-l’oeil . Ses artistes firent preuve d’imagination dans les décors et de liberté dans les formes. Ils eurent une manière très originale d’exploiter l’espace et ils avaient le sens des compositions asymétriques.
Deux autres styles sont apparus conjointement à Arita, vers le milieu du XVIIème siècle : il s’agit des styles Kakièmon et Nabeshima . Ce dernier tire son nom d’une puissante famille qui a la main sur l’industrie de la porcelaine à Arita ; il est d’une rare perfection et d’une modernité surprenante. Celui-ci était pour ainsi dire principalement réservé à la cour shôgunales de la dynastie des Tokugama, seigneurs qui ont fini par s’imposer, face à un empereur qui conserve toutefois son autorité spirituelle.
L’influence du style Imari
Pour des raisons économiques, le style Imari sera le plus copié (ou interprété) des trois. D’abord par les Chinois, lorsqu’ils reprennent les affaires avec les Occidentaux, depuis l’isolement du Japon, vers la fin du XVIIème et le début du XVIIIème siècle. On parle alors d’« Imari chinois », ou plus généralement de porcelaine dite « de la compagnie des Indes», car l’Imari n’est pas le seul décor, loin de là, produit par les Chinois.
Peu après, les Européens s’inspirent, à leur tour, des couleurs et du répertoire de ce style. D’abord sur faïence, comme à Delft (Delft doré), le décor Imari habille ensuite la porcelaine lorsqu’elle est mise au point à Dresde (Saxe) en 1708 (manufacture de Meissen). La fabrique de Vienne l’adopte dans la foulée, suivie plus tardivement par la France, Bayeux, Isigny, au début du XIXe siècle et à Paris, Limoges, au XXe, ne reste pas insensible aux charmes de l’Imari.
Mais, ce sont les Anglais qui lui réservent le meilleur accueil. Toutes les poteries du royaume, principalement du Staffordshire, se mettent à l’heure du style Imari à la fin du XVIII ème siècle. Le siècle suivant voit naître une profusion de décors imarisants souvent d’une grande originalité, ce qui explique l’exceptionnelle popularité, au Royaume-Uni, d’un style dont la poésie a indéniablement une dimension universelle.