La table de changer sert, de lieu en lieu, au change de la monnaie au moyen âge. Elle est reconnaissable à son plateau doté d’un vaste tiroir, un plateau assez large et coulissant pour qu’une distance soit suffisante entre le changeur et le client afin d’éviter toute rapine, mais aussi pour que les transactions de la monnaie se déroulent en toute transparence sous le regard du client.
Elle peut être marquetée, mais reste transportable , pour le jeu éventuellement. Ces tables peuvent se trouver dans toute l’Europe ainsi toujours à proximité des centres urbains et des grands lieux d’échanges marchands.
Au Moyen âge, les changeurs ( ancêtre de nos banquiers ) avaient un rôle important vu la grande diversité de monnaies en circulation. La plupart se mettait à proximité des portes de la ville, dans un endroit bien en vue, de telle sorte que les commerçants étrangers et autres voyageurs puissent d’abord passer chez eux pour échanger leur argent contre la monnaie locale. A l’instar des banquiers aujourd’hui, leurs revenus se présentaient sous forme de commissions sur les sommes échangées.
Le changeur et ses fonctions
Tout en étant son propre maître, le changeur n’en avait pas moins une fonction publique, raison pour laquelle il était étroitement surveillé par les autorités. Il remplissait deux tâches principales: en tant qu’indépendant, son activité consistait en l’échange des différentes sortes de monnaies; en tant que fonctionnaire public, il avait pour mission de retirer de la circulation les fausses pièces et les monnaies rognées qui avaient perdu de leur valeur.
Il est évident que pour assurer une bonne circulation monétaire, cette dernière mission, confiée par les autorités, était la plus importante. Seuls les changeurs pouvaient acheter des pièces de monnaies de moindre valeur (contre leur valeur métallique bien entendu) et les revendre aux orfèvres ou aux maîtres des monnaies. Pour toutes ces raisons, le métier de changeur pouvait être très lucratif, mais c’est pour cela également qu’il devait répondre à de très strictes exigences.
Le mobilier des boutiques de changeurs se composait d’une table couverte d’un tapis, d’un banc, de balances, de livres de comptes. Ce matériel suffisait à toutes leurs opérations. « Toutes les compagnies et changeurs desdites foires, dit une ordonnance de 1349, seront en leurs changes et lieux apparens et auront tapis à leurs fenestres ou estaux, en la manière qui souloit estre faite anciennement.
Malgré le fait que ces changeurs étaient mandatés et surveillés par le souverain, des abus pouvaient survenir: en effet, certains changeurs tiraient profit de leur connaissance en la matière, et exploitaient l’ignorance de leurs clients. Ils étaient donc tenus de peser et échanger les pièces qu’on leur remettait sous le regard de leurs clients à qui ils devaient en outre soumettre les ordonnances monétaires les plus récentes.
De plus, ils devaient se munir d’un livre illustré qui mentionnait la valeur des monnaies autorisées propres et étrangères ainsi que les monnaies non autorisées, celles-ci ne pouvant être considérées par le changeur que comme du vil métal. Le changeur coupait lui-même en morceaux, en présence du client-vendeur, les monnaies de moindre valeur qu’il avait achetées. Il va sans dire que le changeur ne pouvait utiliser que des poids et balances dûment étalonnées et homologuées.