De tous les motifs ornementaux empruntés à la nature, la feuille d’acanthe est le plus populaire. Ce motif ornemental est inspiré des feuilles d’espèces méditerranéennes du genre Acanthus, qui ont des feuilles épaisses et profondément découpées. Elle domine l’ensemble des arts décoratifs du fait de sa flexibilité plastique qui permet de multiples usages et adaptations.
Cet ornement se reproduit dans toutes les périodes de style occidentaux.
L’apparence, les nervures, la forme de la feuille sont toujours différentes à chaque période de style.
- Dans l’Antiquité grecque et romaine, la feuille d’acanthe est omniprésente dans le répertoire décoratif grec, notamment à la fin du Vème siècle av J-C ( chapiteau corinthien), elle reproduit d’abord de façon très fidèle celle des feuilles au naturel puis évolue vers des formes plus fantaisistes.
Au Moyen-Age où les motifs de l’Antiquité sont quelque peu oubliés, l’acanthe disparaît au profit des plantes indigènes. Des feuilles de plantain, de renoncule, d’armoise, etc. prolifèrent dans les décors. Le style roman affectionne l’acanthe épineuse qui disparaît à l’époque gothique. Au XIVe siècle gothique : les formes sont grimpante et rampante avec d’énormes enroulements de feuillages.
il faut attendre la Renaissance pour que l’acanthe retrouve sa gloire d’antan. A la Renaissance italienne : la feuille s’accompagne de motifs d’animaux ou figurés. Le grotesque va prendre le dessus.
A l’époque baroque (XVIIe siècle) : elle s’éloigne de son aspect naturel pour se plier aux caprices des ornemanistes. L’acanthe enroulée (dans les frises) atteint à cette période, la plus haute forme de perfection. Elle fait ainsi partie des éléments ornementaux courants du style louis XIV. Elle s’inscrit dans les motifs de marqueterie de André-Charles Boulle, dans les dessins de Jacques Androuet du Cerceau ou de Jean Le Pautre dont s’est inspirée toute la décoration de l’époque. Elle a envahi tous les arts décoratifs : tissus, grilles, stucs, orfèvrerie, etc. Elle domine alors l’ornementation.
A l’époque rococo et plus tard au cours de la période du retour à l’antique du style Louis XVI, on la retrouve sculptée sur les bois des meubles et des sièges ou ciselée sur les bronzes d’ornementation . Elle est reprise dans les ornementations inspirées de celles de la Grèce antique et l’architecture néoclassique.
Les XIXe et le XXe siècles sonneront son glas. La tendance s’oriente davantage vers des formes plus géométriques auxquelles la feuille d’acanthe ne se prête guère.
La feuille d’acanthe se plie de différentes manières aux caprices de l’ornementation .
S’éloignant de la nature, les ornemanistes créèrent des ordonnances plus fantaisistes, comme les rinceaux et les crossettes mais ce sont les culots qui offrent le plus de variétés. S’inspirant à l’origine d’un pied d’acanthe, ils s’en éloignent pour obtenir des motifs légers et différents. Placés aux intersections du décor, ils sont employés pour raccorder entre eux les rinceaux ou servent de points culminants dans les compositions.
La plus simple est la présentation en palmette. Elle s’inspire d’une feuille naturelle posée à plat. Le lobe supérieur qui termine la feuille se retourne souvent formant une « tête » .