Le corail fut récolté depuis l’Antiquité, mais ne connut un réel engouement qu’à partir du XVIe siècle sous l’impulsion des communautés chrétiennes, musulmanes et surtout juives qui lui prêtaient un pouvoir divin. A cette époque, la cité portuaire de Trapani en Sicile abritait une importante population israélite et devint l’un des principaux centres de production d’objets en corail, le plus souvent religieux, plus rarement profanes.
Au XVIe siècle, le corail était considéré comme extrêmement rare et précieux, en raison des difficultés que sa récolte créait. Le corail était le symbole du sang du Christ et on lui attribuait à l’époque des vertus magiques au point de repousser le mal, de favoriser la fertilité ou de détecter le poison dans la nourriture.
Le goût de l’époque pour les cabinets de curiosités et l’intérêt porté aux sciences naturelles par les collectionneurs n’ont fait qu’augmenter sa valeur. Les branches de corail étaient soit collectionnées telles quelles, soit montées sur de riches socles. Dans la seconde partie du XVIe siècle, le corail devient un ornement décoratif prisé, une spécialité notamment développée dans la région de Trapani.
A Trapani, où les récifs coralliens ont donné une matière première en abondance, l’art de la transformation d’artisanat de corail était devenu systématique. Au 16ème siècle et jusqu’à la fin du 18e siècle, Trapani avait dans ses ateliers une production hautement spécialisée d’œuvres en bronze doré richement décorées de corail, une technique exclusivement Sicilienne qu’on ne retrouvait nulle part ailleurs.
Le travail du corail a été favorisé par le fait que Trapani était l’un des grands ports commerciaux de la Méditerranée. Une riche classe de marchands et un clergé tout aussi puissant ont permis le développement des ateliers d’orfèvrerie et de coraux.
Les créations de la ville de Trapani en cuivre doré, corail et émaux attestent de cette virtuosité baroque les crucifix, monstrances et bénitiers encombrant les trésors des églises alors que les objets profanes (miroirs, tasses, vases, chandeliers…) ou pieux ornaient abondamment galeries et pièces d’apparat des familles aristocrates.
Les plus belles pièces étaient destinées aux cours européens comme cadeaux diplomatiques mais la majorité de la production était destinée au marché local ou à l’exportation vers l’Italie du Sud ou en Espagne.