Les techniques de la laque varient ainsi en fonction des pays, des différentes qualités obtenues et de l’usage auquel sont destinés les objets ainsi décorés. Les trois catégories les plus usitées dans les arts de la laque sont la gravure, réalisée après l’application de multiples couches, parfois de teintes différentes, permettant un aspect irisé sur les tranches, les incrustations, pour un effet en relief au fil des applications de laque, et le maki-e.
Le maki-e représente la technique la plus sophistiquée de l’art de la laque, désignant un travail décoratif où de la poussière, des particules d’or ou d’argent sont délicatement saupoudrés sur de la laque encore humide, généralement noire, pour créer le motif. La poudre incrustée entre chaque couche de laque contribue à faire ressortir les décors en les illuminant. Cette technique dépasse de loin toutes ses rivales, et est largement préférée pour sa finesse d’exécution, son caractère tout à la fois précis et vaporeux, et l’immense poésie qui s’en dégage.
L’éventail de possibilités est presque infini, et l’invention japonaise du maki-e dans ses différentes variations représente l’un des mariages les plus remarquables de maîtrise technique et de sophistication esthétique dans l’histoire de l’art.
Cette technique décorative est développée très tôt dans l’histoire japonaise. Elle arrive à pleine maturité artistique entre le VIIIème et XIIème siècle de notre ère pour devenir l’ornementation prédominante à partir du XVIIème siècle et le rester à ce jour. Elle ne semble pas avoir été utilisée en Chine – ou en avoir très tôt disparue.
Le maki-e lui-même a donné lieu à une floraison de techniques qui lui sont propres.
La premiere est sans relief aucun ( togidashi maki-e); il fut usité dès l’époque Nara ( 710 à 794) et resta en faveur durant celle de Heian (794-1192) ; dans un premier temps, les motifs disparaissent sous l’application de plusieurs couches de laque, mais ils réapparaissent ensuite au même niveau que le fond, grâce au polissage au charbon de bois.
La deuxième offre un léger relief (hiramaki-e), et se pratiqua couramment aux XVème et XVIème siècles; dans ce cas, les poudres métalliques sont appliquées sur le dernier enduit de laque de manière à former un décor qui, seul, est ensuite revêtu d’un mélange de laque et de camphre; mais finalement toute la surface reçoit une couche de laque transparent et subit un dernier polissage.
Le troisième type de décor, apparu à l’époque de Kamakura (1185–1333) , se distingue par un fort relief ( takamaki-e) obtenu d’abord par application de poudres de laque sec, de charbon de bois ou d’étain et ensuite par l’application d’un traitement identique à celui du Hiramaki-e.
L’une des plus grandes beautés de la laque est qu’elle orne les objets les plus précieux comme les plus quotidiens. Bols et vaisselle de laque traversent les siècles, tout comme les boîtes aux usages de forme multiple : boîtes à documents, boîtes à thé, à encens, à pinceaux, à encre, à cartes, à médicaments, etc. Si de tous temps, il y a eu du mobilier de laque, la préférence va malgré tout presque toujours aux objets de petite taille, à un travail de perfection dont la minutie est un enchantement.
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