L’hôtel Colbert de Villacerf, situé dans le Marais, qui subsiste, très dénaturé, au n°23 de la rue de Turenne, a été construit vers 1650 pour Édouard Colbert, marquis de Saint-Pouange et de Villacerf, futur surintendant des Bâtiments du roi. Villacerf était gendre du président Larcher ; son grand-père Oudart Colbert, manufacturier anobli, eut pour petit-neveu le célèbre ministre de Louis XIV. Sensiblement contemporain de la construction de l’hôtel, ce cabinet en a été enlevé en 1872, pour être remonté ici en 1914.
Les boiseries qui proviennent de l’hôtel Colbert de Villacerf (actuel 23, rue de Turenne, 4e arrondissement) ont été peintes vers 1650, elles comptent parmi les décors conservés les plus spectaculaires du milieu du XVIIe siècle. Il est un exemple caractéristique, précieux et séduisant du type de décoration qu’offrait l’intérieur des hôtels parisiens sous la minorité de Louis XIV.
L’ordonnancement en bas-lambris, lambris de hauteur et haut-lambris jette les bases du grand décor français. Issus de l’Antiquité et revus par la Renaissance, grotesques et rinceaux forment une composition élégante et colorée.
Au-dessus de la cheminée en marbre de la même époque, le chiffre des Colbert de Villacerf apparaît au milieu d’un étroit panneau horizontal aux ornements analogues, que surmonte, encastré dans une bordure circulaire au milieu d’un panneau que décorent deux amours et des chutes de fruits, le tout doré, un portrait du cardinal Mazarin, réplique ancienne d’une peinture de Pierre Mignard (aujourd’hui au musée Condé de Chantilly) ; l’hôtel date en effet de la période où Mazarin était premier ministre.
Ce décor fut remonté en 1914 au Musée Carnavalet. Erigé en 1548, remanié par Mansart vers 1660, l’hôtel Carnavalet a été racheté par la Ville de Paris, en 1866, pour devenir le musée historique municipal. Agrandi, greffé de constructions additionnelles et jumelé à l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau (avec lequel il communique par une galerie qui traverse le lycée Victor-Hugo), il héberge de riches collections. Iconographiques, évidemment: quelque 300.000 estampes, 25.000 dessins et 150.000 photographies retracent l’évolution du paysage parisien. Mais aussi des souvenirs plus «matériels»: maquettes, tableaux, enseignes anciennes, vitraux, meubles précieux (provenant des collections Bouvier et Debray) et… décors intérieurs d’hôtels aujourd’hui disparus.
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http://www.carnavalet.paris.fr