Le Château de la Malmaison

L’origine du nom de Malmaison serait liée à l’existence d’un repaire d’envahisseurs normands exerçant des razzias sur les environs. Cette « Mala domus » (mauvaise maison) apparaît dans les textes pour la première fois en 1244. Une demeure seigneuriale est mentionnée au XIVe siècle sous le nom de La Malmaison.

Château de la Malmaison
Château de la Malmaison

En 1390, la terre est achetée par Guillaume Goudet sergent d’armes de Charles VI et reste dans sa descendance jusqu’en 1763, par les familles Dauvergne, Perrot et Barentin. A partir de 1737, le château est loué à de riches financiers qui y reçoivent une société choisie.

En 1763 la terre passe au fils du chancelier d’Aguesseau puis en 1771 à Jacques-Jean Le Couteulx du Molay riche banquier du royaume. Madame du Molay y tient un salon littéraire où elle reçoit l’Abbé Delille, Mme Vigée-Lebrun, Grimm et Bernardin de Saint-Pierre.

Château de la Malmaison
Château de la Malmaison

La Révolution les amène à se séparer de Malmaison qu’ils vendent le 21 avril 1799 à Joséphine Bonaparte pour une somme de 325 000 francs. Cet achat est confirmé par Bonaparte à son retour d’Egypte et il devient ainsi le véritable propriétaire du domaine. De 1800 à 1802 ce petit château devient avec les Tuileries le siège du gouvernement de la France où les ministres du Consulat se réunissent fréquemment.

A l’automne 1802 le consul et sa famille s’installent à Saint-Cloud et Joséphine revient souvent au « Palais impérial de Malmaison » pour aménager et agrandir le domaine. Après le divorce en 1809 l’Empereur lui donne cette propriété avec toutes ses collections et c’est à Malmaison qu’elle meurt le 29 mai 1814. Son fils le prince Eugène en hérite mais sa veuve cède Malmaison en 1828 au banquier suédois Jonas Hagerman.

En 1842, la reine Christine d’Espagne, veuve du roi Ferdinand VII, l’acquiert pour en faire sa résidence puis le revend en 1861 à Napoléon III, le petit-fils de Joséphine. Endommagé par les combats de la guerre de 1870, puis par l’installation d’une caserne dans le château, le domaine est vendu en 1877 par l’Etat à un marchand de biens qui lotit le parc peu à peu. En 1896, Daniel Iffla dit Osiris, mécène et philanthrope, achète le château avec son parc réduit à 6 hectares et l’offre à l’Etat en 1903 . Un musée y est ouvert en 1905.

Château de la Malmaison
Château de la Malmaison

Les travaux de réaménagement

En 1799 quand Bonaparte et Joséphine deviennent propriétaires du château de Malmaison, ils décident d’y faire d’importants travaux. En effet ce bâtiment construit vers 1610 a été agrandi une première fois en1686 puis doté de deux ailes sur la cour en 1780 et leur apparaît démodé. Ils font appel aux jeunes architectes Percier et Fontaine, qui proposent d’abord de remplacer la vieille demeure par une villa néo-classique. Les deux hommes se connaissent bien, ayant fait ensemble un long séjour à Rome où ils ont étudié les monuments antiques. Ils se partagent les tâches, Percier composant les dessins dont l’inspiration vient souvent des recueils de dessins faits en Italie, et Fontaine faisant exécuter les travaux. Souhaitant éviter les dépenses inconsidérées, le Premier Consul les contraint à restaurer le château existant.

Château de la Malmaison
Château de la Malmaison

Au rez-de-chaussée, le vestibule est leur premier travail : plutôt que de remplacer deux poutres cassées à l’étage, elles sont soutenues par quatre poteaux de bois transformés en colonnes de stuc et donnant à l’ensemble l’aspect d’un atrium de villa romaine. Pour ouvrir le vestibule sur les pièces voisines lors des réceptions, un mécanisme permet de faire coulisser les miroirs dans le mur, transformant ainsi en salons de réception la salle de billard et la salle à manger dont les sols en carrelage noir et blanc uniformisent l’ensemble. Ce choix rend alors nécessaire l’adjonction d’un bâtiment en forme de tente conçu par les architectes afin d’y installer les domestiques qui se tiennent en avant des salons pour accueillir les visiteurs.

Aux extrémités, dans les pavillons, deux ensembles de trois petites pièces sont modifiés pour créer des salles plus vastes : au nord, le salon de musique qui sera prolongé un peu plus tard par une galerie destinée à recevoir les collections de tableaux et, au sud, la bibliothèque pour laquelle les architectes dissimulent les conduits de cheminée de la cuisine grâce à des colonnes d’acajou reliant des miroirs. La salle à manger qui était déjà mentionnée en 1703 dans l’inventaire est agrandie en y ajoutant une partie semi-circulaire et comporte désormais six fenêtres au lieu de quatre.

Au premier étage on aménage l’appartement du Premier Consul et de Madame Bonaparte dans le pavillon nord et on crée deux petits escaliers. Par la suite Bonaparte fait installer sa chambre dans l’aile sud, au dessus de la bibliothèque et de la salle du conseil, afin d’y accéder plus commodément pour travailler. Mais tous ces travaux ayant fortement ébranlé les murs de la façade du château, les architectes sont contraints de les maintenir par de lourds contreforts qui sont ensuite surmontés de statues provenant des jardins de Marly pour en atténuer la sévérité.

A l’extérieur du château ils construisent un petit théâtre réalisé au printemps 1802 en moins d’un mois. De dimensions modestes, il peut contenir 200 à 300 spectateurs et va servir pour de nombreuses représentations. La ferme attenante au château est transformée en bâtiment des cuisines, l’ancienne, située dans la cave étant devenue insuffisante. L’œuvre de Percier et Fontaine à Malmaison est appréciée par Bonaparte malgré ses jugements souvent sévères et marque une étape décisive dans leur carrière. Toutefois leurs réalisations ont été partiellement modifiées dès 1810 par Berthault, le nouvel architecte choisi par Joséphine, puis au cours du XIXe siècle.

Le décor intérieur

Le style linéaire et gracieux qui caractérise le décor intérieur du château de Malmaison est directement issu de l’art du XVIIIe siècle mais il porte l’empreinte novatrice et inspirée des deux architectes Percier et Fontaine. Leur style, fait d’une synthèse de l’Antiquité et de la Renaissance dont ils se sont tous les deux imprégnés lors de leur séjour à Rome, s’impose dans cette vieille demeure qui devient l’archétype du style consulat. Les références archéologiques ou historiques ne manquent pas : pilastres d’ordre dorique et colonnes de stuc dans le vestibule, motifs décoratifs inspirés des peintures romaines et pompéiennes au plafond de la bibliothèque et dans la salle à manger, trophées d’armes des peuples les plus valeureux peints sur les portes de la salle du conseil.

Tandis que les arcs et les entrecolonnements en acajou de la bibliothèque rappellent les motifs palladiens, le plafond peint évoque les auteurs littéraires appréciés par Bonaparte, et la salle du conseil aux murs tendus de tissus soutenus par des faisceaux et des piques rappelle les tentes militaires déjà utilisées dans les décors de parcs en Europe.

L’impatience de Bonaparte et ses goûts ont conduit les architectes à trouver des solutions pour renouveler de façon rapide et peu coûteuse la décoration . La simplicité d’aménagement de Malmaison ne nécessite pas de riches tissus comme ce sera le cas à Fontainebleau ou à Compiègne : Un coutil rayé d’aspect militaire dans la salle du Conseil, un velours vert surmontant le lambris d’acajou dans le salon, il s’agit plutôt de l’intérieur d’un riche particulier.

A l’étage la chambre consulaire comporte une frise décorative peinte d’après les dessins de Percier et sous laquelle les murs sont tendus de tissus alors que la plupart des chambres sont tapissées de papiers peints, dont la présence est connue par les description de l’inventaire de 1814. On ignore leurs motifs, mais les grands fabricants comme Réveillon ou Dufour possèdent alors une grande maîtrise technique et artistique. Les beaux papiers imitent parfois des soieries à motifs néo-classiques ou de riches tissus reproduisant des trophées et sont réservés aux murs des meilleures maisons. Tous les rideaux sont en mousseline brodée.

Les modifications postérieures sont réalisées par l’architecte Berthault, qui arrive à Malmaison en 1805 et reste au service de Joséphine jusqu’à son décès en 1814. Le salon est modifié pour un élégant décor blanc et or, dans lequel sont insérés six médaillons peints par Etienne-Jean Delécluze illustrant les amours de Daphnis et Chloé. La salle de billard est repeinte dans les tons vert et terre d’Egypte que l’on peut voir aujourd’hui, et quelques ajouts décoratifs sont apportés autour des fenêtres de la salle à manger.

Plus importante est la transformation de la chambre à coucher de Joséphine, qui prend la forme d’une tente presque circulaire grâce à un drap rouge rehaussé de broderies d’or tendu sur les murs. Au plafond une peinture de Blondel représente Junon sur son char, et sur les murs sont placés de nombreux miroirs ainsi que huit tableaux de fleurs par Redouté. Berthault réaménage également la salle des atours dans laquelle Joséphine conserve sa garde-robe, située au-dessus de sa chambre. Les armoires contiennent des vêtements de toutes sortes, robes, châles de cachemire, corsets, bas, chapeaux, gants, souliers, fréquemment renouvelés.

Le mobilier, dessiné par Percier, est exécuté par les frères Jacob qui travaillaient déjà pour Joséphine dans son hôtel particulier de la rue de la Victoire. Le célèbre tabletier Biennais livre des petits meubles raffinés qu’elle affectionne particulièrement : nécessaires de voyage, table de lit, coffre à bijoux, presse-papiers, qui sont revenus à Malmaison.

A cet ensemble homogène dont témoigne encore aujourd’hui parfaitement le château, il faut ajouter par la pensée les bouquets de fleurs, les cages d’oiseaux dans le vestibule dont le pépiement surprenait les invités.

En savoir plus:

http://musees-nationaux-malmaison.fr/

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