Le cristal de Bohême est une variété de verre , transparent et clair comme le cristal de roche . C’est au XVIIIème siècle que la Bohême s’illustre dans l’histoire de l’industrie du cristal tant par la création d’un cristal artificiel, que par la qualité de ses ouvriers verriers. Nombre de ces derniers ont immigré en Europe du nord-ouest à cette époque, et ont apporté leur technique et savoir-faire.
Sous le règne (1576-1612) de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg, empereur de la dynastie des Habsbourg qui choisit Prague comme capitale, les verriers de Bohême débutent l’évolution qui va les transformer en une véritable concurrence pour la verrerie de tradition vénitienne. L’empereur était un grand amateur d’arts, de sorte que de nombreux tailleurs de pierres, notamment de cristal de roche, abondant en Bohême, travaillaient pour lui dans la capitale de l’Empire, la ville de Prague, où il résidait.
Les maîtres-verriers de la région s’inspirent du fameux verre vénitien, mais ils passent bientôt à un verre plus épais. L’épaisseur de cette matière, qui rappelle le cristal de roche, permet aux verriers de Bohême de développer un art de la gravure, puis de la taille, qui remporte un grand succès. Au 17 e s., la production de verre gravé se développe en Bohême et la région exporte dans de nombreux pays.
C’est probablement en 1683 que le maître-verrier Michael Müller découvrit le fameux cristal de Bohême. La mise au point d’un nouveau verre très pur, qu’on dénomme, toujours en référence au cristal de roche, le cristal de Bohême, est la première étape de cette ascension du verre artistique en Europe centrale puis dans les pays germaniques. Ce verre, qui se travaille plus aisément en parois épaisses, trouve, avec le renouveau des décors gravés à la roue, une tradition quasiment oubliée depuis les grandes époques du verre byzantin et islamique, son mode de mise en valeur principal.
Probablement plus qu’à Venise, la tradition alchimique joue à Prague et dans la zone du Saint Empire un rôle important, particulièrement avec les recherches sur les colorations rouge au cuivre et surtout à l’or.
C’est aux 18 e et 19 e s. que sont fondées les grandes maisons qui font encore aujourd’hui la renommée du cristal de Bohême ; la mise au point du verre coloré au cours de cette période, le savoir-faire des maîtres-verriers et la qualité du sable qui entre dans la composition de ce verre si particulier permettent en effet à la région de rivaliser avec les cristalleries les plus prestigieuses.
Les commerçants tchèques conquirent incontestablement les marchés mondiaux avec des produits fabriqués à partir de ce cristal, au détriment du cristal italien de Murano. Au cours du XVIIIe siècle, pratiquement tous les maîtres-verriers du pays fabriquaient ce type de verre noble aux parois épaisses, d’une dureté et d’une brillance forte – le cristal – susceptible d’être taillé comme une pierre précieuse.
Cependant, à partir du début du XIXe siècle, le cristal de Bohême n’arrive plus à concurrencer le nouveau verre au plomb importé d’Angleterre, bien moins coûteux. Inventé au XVIIe siècle, ce n’est qu’alors que ce verre au plomb envahit l’Europe. Et c’est justement ce produit d’origine anglaise que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de cristal : la température de sa fusion est plus basse, il est plus susceptible d’être taillé et coupé, et, enfin, il est plus étincelant.