Si l’état des maisons du Hameau de la Reine à Versailles préoccupa rapidement l’administration impériale, ce ne fut qu’en 1810 que les premiers budgets furent alloués pour la restauration de ce qu’on nommait alors le « village ». L’architecte Guillaume Trepsat ordonna le rétablissement complet des maisons et de leurs abords, même si trois durent être démolies car trop délabrées. Ce décor champêtre souhaité par Marie-Antoinette redevint un lieu de promenade et de plaisir pour les nouveaux souverains. Jacob-Desmalter, Marcion et Castelnaux-Darrac livrèrent le précieux mobilier. Les étoffes utilisées témoignent d’une recherche d’élégance dans un cadre qui se veut simple.
Ainsi, le boudoir de l’Impératrice dans la maison du Billard était orné d’un satin blanc broché à dessin de liseron blanc sur blanc et d’une bordure ponceau et blanc, alors que les sièges de la chambre de suite de la maison du Seigneur étaient garnis d’une étoffe à rosettes fond vert et orange. Ces sièges sont parmi les seuls au château de Versailles à avoir conservé leur couverture d’origine. Il en est de même pour le modeste tabouret de pied en toile de Jouy fond jaune à bouquets détachés rouges pour la maison du Boudoir.
Les tentures de Vauchelet
Un ensemble textile se dégage au Hameau, le décor du salon de la maison du Seigneur, anciennement maison de la Reine. Dans le sillage des innovations techniques encouragées sous l’Empire, Antoine Vauchelet mit au point un nouveau procédé de peinture sur velours de coton et de soie qu’il fit breveter en octobre 1810.
Afin de « varier les espèces d’étoffes » utilisées dans les demeures impériales, l’administration du Garde-Meuble commanda de nouvelles tentures pour ce salon situé au premier étage de la plus importante maison du Hameau. Vauchelet soumit un projet à la fin de l’année 1810 pour un ensemble de sièges en velours de coton peint de bouquets fond paille.
Cependant, à la suite du Blocus continental prescrivant les étoffes de coton, Vauchelet modifia son projet et soumit un ensemble en velours de soie. Malheureusement, celui ci est aujourd’hui perdu. Pour orner les murs du salon, seize panneaux peints sur taffetas de soie à fond jaune furent livrés. Vandalisés en 1957 et conservés depuis dans les réserves du château de Versailles, deux d’entre eux viennent d’être restaurés à l’occasion de l’exposition.
Vauchelet privilégia les motifs antiques appréciés alors, inspirés de compositions de Jean-Démosthène Dugourc et de Jean-François Bony. Les rideaux d’origine, récemment redécouverts, présentent un jaune vif assez similaire aux tentures. Leur galon, d’un motif inédit, arbore la bichromie jaune et violette, très appréciée alors. L’ensemble formait un salon élégant, au goût du jour, s’insérant au mieux dans l’atmosphère champêtre des jardins de Trianon.
Le Hameau de la Reine- Château de Versailles