Le Sceptre & la Quenouille- Être femme entre Moyen Âge et Renaissance

Le musée des Beaux-arts de Tours présentera jusqu’au 17 juin 2024 une exposition exceptionnelle consacrée aux femmes entre la fin du Moyen Âge et la Renaissance, en France et en Europe du Nord.
Plus d’une centaine d’oeuvres majeures – peintures, sculptures, manuscrits, estampes, objets du quotidien – issues des plus grands musées, sont rassemblées pour mettre en lumière la place, le rôle et l’image des femmes dans la société des 15ᵉ et 16ᵉ siècles.
Cette exposition s’appuie sur les avancées historiques des dernières décennies, ainsi que sur le travail d’un comité scientifique rassemblant d’éminents spécialistes du sujet.

« Le sceptre et la quenouille »


Toutes les femmes trouvent leur place au coeur de cette exposition : princesses, nobles et bourgeoises, commerçantes et paysannes, riches et pauvres, heureuses et malheureuses, au pouvoir ou au travail, épouses ou veuves, réelles ou imaginaires.
Ce tableau remet en cause les clichés et les idées reçues. Il propose un regard nouveau sur les femmes des époques médiévale et moderne, abordées dans toute leur profondeur, et offre une remise en perspective historique à un enjeu majeur de nos sociétés contemporaines.

Parcours de l’exposition

Femmes et maris

Depuis l’institution du mariage chrétien comme sacrement aux 12ᵉ-13ᵉ siècles, l’Église a peu à peu structuré la société autour du noyau constitué par le couple et sa descendance. Le mariage, stratégie d’union entre deux familles, est un enjeu fondamental pour les femmes et définit leur place dans la société.
Le lien matrimonial, fondamentalement dissymétrique, institue la soumission de la femme à son époux : le rôle des femmes se définit donc dans un référentiel masculin.

Anonyme, France (Paris?) Coffret : scènes profanes. Vers 1430-1460 Bois et os. Paris, musée du Louvre


Si ce cadre, nécessairement uniformisant, est évidemment parfois en décalage avec une réalité vivante autrement plus variée et complexe, le couple conjugal reste un cadre privilégié pour appréhender la construction des rapports et les relations entre les sexes.
Cette section s’intéresse à la manière dont les couples se forment et comment ils se donnent à voir, au statut des femmes se trouvant hors du mariage (veuves notamment) et s’interroge sur la place laissée à l’amour et à la sexualité au sein et hors du couple conjugal, dans des modalités tantôt heureuses, tantôt violentes.

Marinus Van Reymerswaele (d’après), Le banquier et sa femme 1ère moitié du 16ᵉ siècle Huile sur bois. Valenciennes, Musée des Beaux-arts

Femmes au quotidien

La seconde section explore les rôles dévolus aux femmes dans la société et les activités qui en découlent et qui structurent leur quotidien. Elle aborde une grande variété de situations liées à la position occupée par les femmes dans l’échelle sociale.
On s’intéresse à la maternité, rôle constitutif de la nature féminine et premier devoir de la femme mariée ; ainsi qu’au travail à la maison comme à l’extérieur, à la campagne comme à la ville. Les loisirs auxquels s’adonnent les femmes et la dévotion à Dieu, mais aussi aux autres, sont également évoqués.

Herman Van der Mast (attribué à), Portrait de famille Huile sur bois. Le Puy-en-Velay, musée Crozatier

La femme imaginée

Après les réalités du quotidien, la troisième section est dédiée aux visions de la femme, construites à partir d’un discours essentiellement masculin. Dans un contexte de réflexion et de débat sur la nature et la condition féminines, la fin du Moyen Âge voit s’opposer les partisans d’un discours misogyne et les fervents défenseurs de la cause féminine. Des voix s’élèvent pour prendre la défense des femmes, comme celle de Christine de Pizan.

Lucas de Leyde (d’après), La Tireuse de cartes
Huile sur bois.
Issy-les-Moulineaux, musée français de la Carte à jouer (dépôt musée d’Arts de Nantes)

Les théologiens, les traités d’enseignement (qu’ils soient le fait d’hommes ou de femmes) ou la jurisprudence consacrent un panel de vertus considérées comme féminines auquel il est attendu que les femmes se conforment, et qui se retrouve dans l’iconographie : chasteté et continence, humilité, obéissance, douceur, dévotion. Entre le modèle inatteignable de la Vierge et la fille d’Ève, porteuse de tous les vices, la figure féminine oscille entre idéalisation et mépris, à la fois ange et diable, porteuse de vie et de mort. L’ambivalence qui la caractérise cristallise des tensions fondamentales dans la manière de penser le monde à cette période.

Jean Pichore, Feuillets du Rondeau des Vertus Après 1515 Enluminure sur parchemin. Musée national de la Renaissance, château d’Écouen

Femmes en armes

Assez paradoxalement, les 15ᵉ et 16ᵉ siècles voient fleurir les représentations de femmes fortes maniant l’épée, symbole masculin par excellence. Les héroïnes bibliques ou mythologiques en armes, telles que Judith ou les Amazones, sont extrêmement populaires. La quatrième section s’interroge sur les raisons du succès de ces personnages féminins, ces « viragos » (femmes fortes) qui adoptent des comportements traditionnellement considérés comme masculins. En dévoilant le rôle véritable que les femmes pouvaient être amenées à jouer lors d’affrontements guerriers, elle ouvre de nouvelles perspectives sur un sujet encore méconnu du grand public.

Martin Lefranc, Le Maître du Champion des dames, 1450 Illustrateur anonyme, La pucelle à cheval Enluminure Grenoble, Bibliothèque municipale

Gouverner au féminin

Pour clore l’exposition, la dernière section envisage les multiples manières qu’ont eues les femmes (reines, princesses
et nobles dames) de gouverner et de se représenter dans l’exercice du pouvoir. Par l’usage de nombreux symboles, elles s’affirment comme les détentrices d’une puissance politique et lignagère qu’elles cherchent toujours davantage à légitimer. Cet art de la mise en scène, qui se donne à voir dans de multiples objets (médailles, portraits, sceaux), constitue l’une des facettes du pouvoir au féminin entre le début du 15ᵉ et la fin du16ᵉ siècle.

François Clouet (d’après), Portrait de Catherine de Médicis (reine de France) Vers 1556 Huile sur bois. Musée national des châteaux de Versailles et de Trianon

Le musée des Beaux-arts de Tours

18, place François-Sicard 37000 Tours

Vous aimez aussi