L’exposition est une invitation à la découverte de ces différentes dimensions, ces univers multiples et imbriqués. La grande force de l’exposition « Le Siècle de François Ier » est de permettre de retrouver le goût et l’intimité de François Ier, à travers ses œuvres d’art et sa bibliothèque. Car restituer la richesse et la diversité du siècle de François Ier, c’est avant tout explorer de multiples dimensions, depuis l’histoire officielle, en passant par l’histoire des arts, jusqu’à l’histoire du livre et des idées.
L’exposition comporte au total 200 œuvres de toute nature : tableaux, dessins, sculptures, objets d’art, manuscrits, reliures, livres imprimés, pièces scientifiques et d’histoire naturelle. Elles proviennent en très grande partie des collections de Chantilly, en particulier du Cabinet des Livres et des fonds de dessins très riches du Domaine. Pouvoir les confronter ou les rapprocher avec plusieurs prêts majeurs, consentis à l’occasion de cette exposition par de grandes institutions culturelles (en particulier le Louvre et la Bibliothèque nationale de France) permet de rendre leur continuité et leur intégrité aux collections produites et rassemblées au siècle de François Ier.
Du Roi guerrier au Roi mécène
François Ier est aujourd’hui une icône charismatique et victorieuse, l’un des monarques les plus connus des Fran- çais. L’exposition montre comment s’est construit le mythe, laissant apparaître un roi conscient du pouvoir de l’image et des mots pour réécrire sa propre histoire.
Présence du roi
L’exposition s’ouvrira sur plusieurs œuvres représentant François Ier à différentes étapes de sa vie. La collection exceptionnelle de dessins conservés à Chantilly a permis de faire plusieurs rapprochements entre ces œuvres et des dessins préparatoires, notamment le dessin à la sanguine préfigurant le célèbre portrait du Roi réalisé par Clouet.
De Marignan à Pavie
L’Italie exercera toujours sur le roi une véritable « attraction fatale » selon la formule de l’historien Marcello Simonetta. En effet, le destin royal est irrémédiablement lié à la gloire de Marignan en 1515 puis à la défaite de Pavie, 10 ans plus tard. Alors que François Ier est fait prisonnier à Pavie par l’armée de Charles Quint, il réinvente la bataille de Marignan où il aurait été adoubé par le fameux chevalier Bayard. C’est la parfaite justification de son emprisonnement, car un chevalier ne doit jamais fuir au combat même au risque d’être capturé. De roi vaincu, Francois Ier passe au statut héroïque de chevalier emprisonné.
L’exposition présentera aux visiteurs des pièces illustrant tous les aspects de cette décennie, de la victoire à la défaite en passant par l’emprisonnement et les tractations diplomatiques menant à la libération. Il faut notamment citer les apologies de Madrid, deux traités faisant la critique et l’éloge du traité de Madrid signé par François Ier. Il prévoit sa libération en échange de ses deux fils François et Henri, envoyés en captivité à la Cour espagnole. Le siècle de François Ier donnera également l’occasion de découvrir la lettre spectaculaire de 3 mètres de long écrite par Soliman le Magnifique, l’allié temporaire de Francois Ier contre le Saint Empire Germanique de Charles Quint.
Les femmes et le roi : mère, épouses et maîtresses
Les femmes jouent naturellement un grand rôle dans ce destin hors du commun de François Ier. Très tôt, sa mère Louise de Savoie mobilise mages, astrologues et précepteurs, comme François Demoulins, pour préparer son fils à gouverner la France. C’est elle qui assure la régence lorsqu’il part au combat et négocie sa libération suite à la défaite de Pavie.
Sa sœur Marguerite d’Angoulême, devenue Marguerite de Navarre, a un rôle important dans la stratégie diplomatique de la cour de France mais aussi dans la production littéraire de l’époque. Sa femme Éléonore d’Autriche, ou encore sa maîtresse la duchesse d’Étampes font également partie de ces figures féminines célèbres entourant le roi. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que le tempérament d’artiste de François Ier se soit révélé par des poésies méconnues adressées à certaines de ces femmes. Cette partie de l’exposition dévoilera plusieurs portraits réalisés par Jean et François Clouet mais aussi des manuscrits, notamment ceux de Marguerite d’Angoulême comme La Coche.
Le Roi mécène
Battu politiquement et militairement, François Ier décide de livrer une autre bataille, celle des arts et des lettres. Il suivait en cela les recommandations du fameux Balthazar Castiglione, dans son livre du courtisan, mais aussi un penchant personnel suscité par sa mère Louise de Savoie, grande bibliophile.
Le tournant des années 1530 marque ce basculement, ce passage du Roi guerrier au Roi mécène.
La France devient alors sous son règne le point d’attraction de différents artistes dont les visiteurs pourront admirer les œuvres. C’est une véritable floraison qui survient, révélant dans chaque dimension des arts de formidables talents : les dessins et les peintures de Clouet, l’architecture d’Androuet du Cerceau, ou encore les trésors du livre et de l’enluminure de Bellemare. La fonte de Fontainebleau intitulée le spinario, de Cellini, les chandeliers du tré- sor du Saint-Esprit venus du Louvre, l’une des dernières tapisseries d’époque (1530) encore existante – imposante scène figurant la bataille de Zama – et enfin l’incroyable suite des dessins du Primatice conservés à Chantilly, sont quelques-uns des témoignages de ce fabuleux essor artistique présentés dans le cadre de l’exposition.
Bibliothèque royale et dépendances
François Ier est contemporain d’un développement inédit du livre à la Renaissance. Sous les auspices de deux grands bibliothécaires, Mellin de Saint-Gelais d’une part et Guillaume Budé de l’autre, le Roi rassemble une collection unique. Le duc d’Aumale, plus grand bibliophile du xixe siècle, recherchera toute sa vie ces livres ayant figuré dans la « librairie de François Ier », comme on disait alors.
Les livres du roi
L’évocation de la bibliothèque royale réalisée dans l’exposition commence naturellement par quelques-uns des manuscrits les plus célèbres du temps, qui constituent des œuvres majeures dans le domaine des arts et du livre.
Ce sont véritablement les emblèmes de cette exposition. Le plus fameux est certainement le manuscrit des Guerres Galliques réalisé vers 1520 par Godefroi le Batave. Ce manuscrit en trois volumes, dont un conservé à Chantilly, est réuni pour la première fois. Autre emblème de la collection de Chantilly Les trois premiers livres de Diodore Sicilien, traduit en 1534 par Antoine Macaut et réalisé par le flamand Noël Bellemare à l’enluminure célébrissime. Cela ne serait pas complet si l’on omettait de présenter un autre trésor du livre de Chantilly, tout à fait contemporain, Les Heures d’Anne de Montmorency. Ces manuscrits majeurs n’ont pas été montrés au public depuis de nombreuses années et jamais au cœur d’une exposition aussi ambitieuse.
Évoquer le livre c’est aussi documenter l’essor donné par le monarque aux traductions d’auteurs grecs et latins, marqueur d’un intérêt typiquement renaissance. Ainsi Hugues Salel, membre de l’entourage royal, traduit Homère et diffuse les humanités grecques parmi les puissants. Ses livres, trésor de l’imprimé, figurent, avec d’autres traductions de l’antique, parmi les joyaux de la bibliothèque royale.
La reliure est un autre des points fort de la collection du Cabinet des Livres de Chantilly. Une sélection tout à fait remarquable de reliures et d’emblèmes du Roi François Ier, conjuguée à plusieurs prêts majeurs, permet de découvrir quelques pièces uniques. Auteurs antiques, comme Démosthène ou Maxime Valère, écrivains modernes, comme Érasme ou Machiavel, voient leurs œuvres parées des plus belles reliures réalisées par les meilleurs artistes et ateliers du temps. Ce sont les splendeurs de la reliure française.
Le cabinet de curiosités de François Ier et d’Henri II : Le Cabinet royal evanouy
François Ier est, au cœur de la Renaissance, contemporain des grandes découvertes, scientifiques, intellectuelles et géographiques. Le monarque envoie explorateurs et missionnaires en Orient, en Amérique, afin de lui rapporter des témoignages des terres nouvellement découvertes. Il rassemblera, comme son successeur Henri II, ces pièces en un ensemble mystérieux car peu documenté : son Cabinet de curiosités installé à Fontainebleau.
François Ier collectionneur ne se limite pas aux arts et il est le premier monarque « curieux », c’est-à-dire amateur de curiosités. Il institue une véritable tradition qui, en dépit des aléas de l’histoire, s’épanouira pleinement pour vivre jusqu’à nos jours. Son Cabinet de curiosités comporte de remarquables pièces exotiques et des merveilles naturelles (objets indigènes ou spécimen naturels de nouvelles espèces) ramenées de l’exploration par des français du Canada ou du Brésil.
Pourtant son goût, un peu comme dans d’autres domaines, est encore largement médiéval et l’expression d’une curiosité typiquement primitive. Aussi collectionne-t-il œufs d’autruche et créatures légendaires : basilics, griffes de griffon et, bien sûr, corne de licorne. Le clou de son cabinet de curiosités est d’ailleurs une hydre naturalisée, animal fabuleux par excellence, offerte par le pape.
Spécialement conçue pour le Siècle de François Ier, une reconstitution imaginée du Cabinet de curiosités de François Ier, ensemble à jamais disparu, permet de comprendre cette « curiosité » typique du siècle de François Ier.
En savoir plus:
Du 7 septembre au 7 décembre 2015 dans la Salle du Jeu de Paume
Domaine de Chantilly
http://www.domainedechantilly.com/