Le trompe-l’œil est, comme son nom l’indique, destiné à tromper l’œil et trouve son origine dans les fresques et mosaïques antiques. Le récit le plus ancien qui marque le début du trompe-l’œil est celui de Pline l’Ancien. Il rapporte dans son Histoire naturelle comment le peintre Zeuxis (464-398 av. JC), dans une compétition qui l’opposait au peintre Parrhasius, avait représenté des raisins si parfaits que des oiseaux vinrent voleter autour.
Si l’Antiquité est le point de départ de cette illusion parfaite, la Renaissance et le Maniérisme vont amplifier ce phénomène avant que la période Baroque n’en fasse un genre à part entière. Toutes les périodes vont s’y intéresser, même si les supports et les enjeux ne sont plus les mêmes.
En art décoratif, cette tromperie des yeux recouvre différentes réalités : l’imitation, le pastiche ou les illusions d’optique.
Le trompe-l’œil tend à restituer le sujet avec la plus grande vérité possible, principalement en donnant l’illusion du relief. Pour y parvenir, le peintre n’utilise qu’une profondeur restreinte et le contraste d’un premier plan clair se détachant sur un arrière-plan sombre ( technique du clair-obscur).
Souvent utilisé dans le décor . Le trompe -l’oeil , exercice virtuose en peinture, est employé aussi avec humour dans des effets de relief sur certaines céramiques figurant des aliments appétissants mais impossibles à saisir, dans des façades de meubles et des intérieurs de cabinets, pour créer l’illusion d’étagères de faux livres, ou pour l’imitations de marbres, de pierres dures comme la malachite, ou de bois.
L’illusion de la perception
A priori, rien, ni dans la technique, ni dans les matériaux, ne distingue un Trompe-l’œil d’une autre peinture. Pourtant tout y est différent. Dans le Trompe-l’œil ce n’est pas le spectateur qui franchit volontairement le seuil de l’œuvre, c’est l’œuvre qui, sournoisement, vient au devant du spectateur et le prend par surprise.
La technique du peintre se mesure à une représentation convaincante et troublante de réalité. Et pour ajouter au rendu pictural, le peintre de trompe-l’œil règle la position du tableau : la hauteur d’accrochage du tableau sur le mur est ajustée en fonction du regard du spectateur. La distance au tableau est elle aussi essentielle, la construction perspective du tableau en dépend.
Le jeu de l’ombre et de la lumière confirmera la justesse des couleurs, rendant pertinente la représentation d’objets. Leur présence est si trompeuse qu’ils semblent appartenir à l’espace réel du spectateur. Vrais objets ? Cette vérité du trompe-l’œil, patiemment et habilement fabriquée, est un art du faux, faux semblant, ruse de la couleur et du dessin exact. L’ombre est reine qui modèle les volumes et les reliefs et répond à sa complice la lumière. La curiosité du spectateur est piquée à ce pari du trompe-l’œil dont on sort conquis, mais pas dupe. Ce clin d’œil avec le « voyeur » du tableau en donne bien la limite.
Le clin d’œil et l’humour qui accompagnent bien souvent le trompe-l’œil en sont l’élégance. La distance a fondé le point de vue, l’approche du tableau révélera le stratagème : il ne s’agit que de peinture mais l’art a joué son rôle.
Décoration en trompe-l’œil
Le trompe-l’œil a excellé dans les natures mortes, les chantournés, les grisailles de bas-reliefs, les étagères, les faux cadres, les faux objets, les dessus de porte, devants de cheminées, devants de feu.
En décoration, le trompe-l’œil s’attache à imiter les matières se fondant avec l’architecture. Il peut même s’intégrer sur un pan de mur entier .