Accessoire souvent confondu avec l’éventail, l’écran à main n’avait pourtant pas la même fonction. Il servait non pas à se ventiler pour se rafraîchir mais à se protéger le visage, souvent fardé, de la chaleur du feu de la cheminée.
Son usage se développe en Europe en parallèle de l’éventail dont il est une variante. Cependant, l’écran à main n’est pas un accessoire relevant de la parure. Il appartient au monde clos des boudoirs et des petits appartements. Constitué de matériaux naturels, sa fabrication devient particulièrement importante en France dès le XVIIe siècle. Sa forme est ronde, la plupart du temps, et l’écran, où plusieurs cartouches lui sont associés, tourne sur un axe pour faire défiler texte et images. Des dessinateurs, des graveurs, aussi célèbre que Abraham Bosse, Jean Le Pautre ou François Chauveau, des éditeurs et des marchands d’estampes contribuent à son succès par la qualité des ornements qu’ils proposent.
Au XVIIIe siècle, il perd son principe de rotation sur un axe. Il est composé d’un petit manche en bois, en os ou en ivoire, dans la fente duquel est glissée une feuille de carton fixée à celui-ci par deux petits clous. Il n’est donc ni rétractable, ni pliable : sa rigidité exclut son usage à l’extérieur, où il s’avérerait fragile et encombrant.
Il se pare de sujets gouachés ou de gravures. Certains éditeurs se distinguent comme Petit, rue du Petit-Pont à Paris, dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, et la Maison Huquier au XIXe siècle.
L’iconographie des écrans à main est vaste, S’il est impossible de rendre compte ici de l’infinie variété des sujets traités lorsque les écrans sont décorés de gravures, collées sur leur recto et/ou sur leur verso, ils avaient pour point commun d’intéresser les esprits du temps, soit en les instruisant, soit en les divertissant.
La feuille était décorée avec des illustrations de Watteau ou François Boucher. Les deux côtés portaient sur des faits d’histoire, de société, de théâtre ou encore des fables. Sur une face, le dessin était gravé ou peint à la gouache, agrémenté de fleurs et guirlandes, représentant des châteaux ou des personnages royaux, des scènes de théâtre, des cartons de géographie. Au XVIIIème siècle, la bonne société étaient intéressée par les récits des grands voyageurs et de leurs découvertes du monde.
Ces objets sont rares et il n’existe que très peu d’exemplaires conservés. Plusieurs raisons expliquent cette pénurie : de fabrication modeste, diffusé en grande quantité, le plus souvent réalisé par des artistes anonymes, donc de peu de valeur marchande, l’écran à main avait pour vocation d’être jeté au feu dès qu’il présentait des signes d’usure. La fragilité du carton en a fait une proie idéale pour l’humidité et les rongeurs, lorsqu’il a été abandonné dans une cave ou dans un grenier.