L’émailleur Camille Fauré

À la suite de la Révolution, alors que l’art de l’émail disparaît à Limoges pour quelques décennies, il devient rapidement l’objet d’un vif intérêt historique. À cette période le Moyen Âge et la Renaissance sont redécouverts et l’on se passionne notamment pour les objets d’art. La redécouverte des techniques de l’émail dès le milieu du XIXe siècle à la manufacture de Sèvres, puis à Limoges donne lieu à des créations intéressantes dans des styles divers (coupe couverte, par Gobert ; Plat au faisanHallebardier par Fernand Thesmar, Coffret à la joueuse de mandoline par Charles Lepec…).

Vase Art Déco en cuivre émaillé à décors d’anémones multicolores.
Signé C Fauré Limoges.
(c) Pascale Drieux Antiquités, Proantic

Dès la fin du XIXe siècle, de nombreux ateliers fonctionnent à nouveau à Limoges. Certains artistes cherchent à renouveler la production traditionnelle (Paul Bonnaud, Jules Sarlandie, Alexandre Marty, etc.) ou produisent une œuvre tout à fait originale et personnelle ( Léon Jouhaud).

À l’orée des années 20, la production d’émaux de Limoges  connait un nouvel essor en la personne de Camille Fauré (1874-1956) , Entrepreneur de génie, il sut saisir l’air du temps dans ses ateliers actifs de 1920 à 1980.

 

Vase de Camille Fauré émail de Limoges.
(c) Antiquités Maitre, Proantic

Ses débuts 

À 21 ans,  Camille reprend l’activité de son père, peintre en bâtiments, décédé et multiplie les marchés de niche en se spécialisant sur les enseignes, les vitrines, les églises ou le faux marbre.  En contact permanent avec le milieu des émailleurs de la région, il décide en 1920 de consacrer une partie de son activité aux émaux d’art.

Vase Art déco en émail sur Bronze – Camille Fauré.

Il engage Alexandre Marty, un émailleur expérimenté, élève et gendre d’un décorateur sur porcelaine réputé, Alfred Broussillon. Leur travail consiste à proposer des petits vases flammés et givrés, estampillés « Fauré Marty Limoges ». Des collections élaborées dans le ton de ce qui se fait depuis quelques années à Limoges

En 1924, Fauré se sépare de Marty souhaitant changer de clientèle. il vise une clientèle haut de gamme composée d’acheteurs étrangers, de magasins spécialisés et des établissements parisiens du faubourg Saint-Honoré.

Vase Art déco en émail sur Bronze – Camille Fauré.

1925-1930, des pièces exceptionnelles 

Camille Fauré embauche cinq émailleurs de grand talent. Il laisse travailler ses ouvriers à leur rythme, pour créer des pièces exceptionnelles marqués par les l’Art Déco. Jusqu’en 1930, des vases aux décors géométriques et cubistes font irruption sur le marché de l’art et séduisent le tout-Paris. C’est la mode des émaux en relief. Leurs créateurs (Louis Valade, Lucie Dadat, Pierre Bardy et d’autres…) vont rester dans l’ombre tout en fabriquant des vases qui restent aujourd’hui comme les plus prestigieux. Dès 1925, il rencontre un franc succès à la Foire de Lyon et ce jusqu’en 1930 où il est frappé par la crise.

Vase Art déco en émail sur Bronze – Camille Fauré.

1940-1985 : le temps des florals

Face à la crise, Fauré décide une nouvelle fois de réorienter sa production en se tournant cette fois ci vers un marché de masse, en réalisant des œuvres à petits prix à décor floral et naturaliste. Il continue dans le même temps d’éditer des vases de la période précédente.

L’activité de l’atelier de Camille Fauré s’avère grandissante jusque dans les années 1960. Une vingtaine d’ouvriers produisent de nombreuses pièces pour tous les budgets. Camille Fauré meurt en 1956 et sa fille Andrée prend la succession, avec son mari Louis. Si les vases à décor géométrique reviennent à la mode dans les années 1960, l’atelier ferme ses portes en 1985, malgré de nombreuses tentatives de relance par son fils Gérard. La mode a définitivement changé.

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