Au XVIIIème siècle, toute la noblesse et la cour se passionne pour les arts asiatiques. le coût de plus en plus élevé de la production de laque japonais et la qualité moindre des laques d’importation chinois, amènent les européens à vouloir s’approprier la maîtrise de cette matière.
L’étude de la laque conduit ainsi d’habiles artisans, tant en Allemagne, en Angleterre et en Hollande, qu’en France à retrouver cet aspect velouté et profond et à imiter avec talent les productions orientales.
Pour obtenir de la laque, chaque artisan a sa propre recette, les techniques se ressemblent, avec comme base un mélange de résines d’origines végétales et d’huiles, qui changent lorsque le vernis doit être appliquer sur une boite, un meuble ou une berline. Il y a des différences dans la composition et dans l’application, mais le terme générique de « vernis Martin » l’emporte.
Les frères Martin: vernisseurs du roi
C‘est dans son atelier du faubourg Saint-Antoine que l’artisan, Guillaume Martin, va développer sa propre formule. Dans toute l’Europe, le vernis Martin deviendra la référence absolue en la matière.
En 1728, les frères Martin mettent au point une imitation de laque à base de copal, le vernis Martin, destiné à concurrencer les laques de chine et du Japon. Ce vernis, moins coûteux pour le décor de mobilier que l’application de panneaux de laques, servit aussi à harmoniser des meubles avec un galbe important, les panneaux de laque ne supportant pas d’être trop arrondis. Le vernis Martin créait le raccord entre ces panneaux afin que le meuble soit visuellement homogène.
C’est l’introduction de la couleur , que ne maîtrise pas les asiatiques à l’époque, qui fait l’une des spécificités de la laque française et du vernis Martin. Les compositions de vernis permettent de varier les décors et peut être utilisable sur tous les supports ( petits objets, plateau, instruments de musiques, berlines….) .
Une première couche de laque pour le fond, le graveur ou le peintre dessine ensuite les motifs, parfois à la feuille d’or, avant qu’ils ne soient recouverts de plusieurs couches transparentes. Désormais, se substituent aux fonds noirs et rouges, des fonds jaune, bleu, vert, blanc ou or. Délaissant les décors asiatiques , Guillaume Martin orne les petits étuis utilisés par les dames de nombreuses scènes inspirées des peintres classiques, de chérubins, des paysages maritimes ou encore des scènes de chasses d’une finesse exceptionnelle. Le vernis Martin fut également utilisé au XIXe siècle sur le mobilier de style. Son gros défaut est d’être fragile à l’eau.
Grâce à sa renommée et à ses dons d’imitation, le 23 juin 1729, Guillaume Martin obtient un brevet de vernisseur du roi Louis XV et une lettre de patente pour l’exclusivité.
Voir » les secrets de la laques française, le verni martin » jusqu’au 8 juin, au musée des Arts décoratifs.
107, rue de Rivoli, 75001 Paris